Les débutants ont souvent du mal à le croire, mais c’est un fait : il y a énormément de chansons, dans différents styles (Rock, Pop, Métal, Rap…) ou chez certains artistes, qui utilisent quasiment toujours la même progression d’accords, que l’on exprime en degrés, représentés par des chiffres romains (si vous ne connaissez pas la notion de degré, l’essentiel à savoir vous est expliqué dans cet article).
La progression d’accords “magique”
Cette progression magique, c’est : I–V–vi–IV ou ses différentes combinaisons obtenues simplement en changeant l’ordre des accords :
- I–vi–IV–V,
- I–vi–V–IV,
- I–IV–V–vi,
- V–vi–IV–I,
- vi–IV–I–V,
- IV–I–V–vi,
- IV–vi–I–V.
N.B. Les couleurs correspondent à celles du tableau que vous trouverez plus bas.
Parfois, cette progression d’accords est utilisée sur le morceau entier, parfois seulement sur le couplet ou le refrain. Mais souvent, c’est simplement l’ordre des accords qui est changé dans le couplet ou le refrain. Il suffit d’écouter et de tester.
Pourquoi 317 chansons ?
Parce que c’est le nombre de chansons recensées dans cet article de wikipédia (oui, on s’est amusés à les compter !). Comme l’article n’est probablement pas exhaustif, on peut penser que le nombre de chansons concernées est supérieur à 317, ce qui donne une idée de l’importance du “phénomène”.
Cette page est en quelque sorte la suite de l’article Em, C, G, D : 4 accords magiques pour accompagner des centaines de chansons. vous y trouverez notamment de nombreux exemples en vidéo.
Ajoutons ici celle du groupe The Axis Of Awesome qui est l’une des premières à avoir fait le buzz sur le sujet avec une vidéo qu’ils ont refaite depuis, toujours avec une bonne dose d’humour :
Et si vous voulez vous entraîner, voici les tablatures de 22 chansons faciles pour les débutants…
4 accords pour des centaines de chansons : paresse ou créativité ?
Il est de bon ton de se moquer des artistes qui basent une bonne partie de leurs chansons sur les mêmes progressions d’accords et de les considérer comme “peu inventifs” (pour employer un euphémisme). C’est peut-être justifié.
Mais on peut aussi voir les choses sous un autre angle : de même qu’avec seulement 4 ingrédients (farine, œufs, lait et sucre), on peut fabriquer des centaines de pâtisseries différentes, il est plutôt réjouissant de voir comment avec seulement 4 accords, des musiciens ont assez de créativité pour faire des morceaux originaux, et parfois des tubes !
C’est que les accords ne sont qu’une partie d’un morceau. Il y a aussi la ligne mélodique, les paroles, la rythmique l’arrangement… et la créativité pour malaxer tout ça.
Sans doute le fait qu’il “parle” aux gens, qu’il résonne avec quelque chose en eux (que ce soit par effet de mode ou pour des raisons plus profondes, indépendantes des tendances en tout genre). Qu’il soit hautement élaboré ou très basique devient alors secondaire !
La notion de degrés
Ici, on va essayer de faire simple. Pour aller plus loin, référez-vous notamment aux articles suivants :
- L’harmonisation de la Gamme Majeure expliquée aux Guitaristes Débutants (et peut-être aux autres aussi !)
- Gammes, intervalles et degrés : ce que vous devez absolument comprendre !
Partons de la gamme majeure…
La gamme majeure est formée de 7 notes. On apprend tous à l’école celle qui commence par Do : “Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si”.
Comme elle commence par Do :
- On l’appelle “Gamme de Do majeur” ou “Gamme majeure de Do” (les deux appellations sont synonymes).
- Do est appelé “Tonique” de la gamme. La tonique d’une gamme est donc la note qui lui donne son nom.
…et créons des accords en picorant dans ses notes
Les degrés ne sont rien d’autre que les accords fabriqués à partir des notes d’une gamme : on prend chacune des 7 notes de la gamme et on y ajoute d’autres notes, toujours issues de la gamme. Il y aura donc 7 degrés dans une gamme à 7 notes.
Par exemple, les 7 degrés issus de la gamme de Do majeur sont des accords dont le nom débute par : Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si… ou plutôt C, D, E, F, G, A, B car on utilise habituellement la notation anglo-saxonne pour nommer les accords.
La note qui donne son nom à un accord s’appelle “fondamentale”. Elle est donc l’équivalent de la tonique pour la gamme.
Ensuite, on va éventuellement compléter le nom de l’accord par des chiffres et/ou d’autres lettres pour indiquer la nature des notes ajoutées à la fondamentale pour former l’accord :
- C (fondamentale + tierce majeure + quinte),
- Cm (fondamentale + tierce mineure + quinte),
- Cm7 (fondamentale + tierce mineure + quinte + septième),
- C9 (fondamentale + tierce majeure + quinte + septième + neuvième),
- Csus4 (fondamentale + quarte + quinte), etc.
Si vous voulez approfondir la construction des accords, il y a plein d’articles sur le sujet. Par exemple :
- Apprenez 3 diagrammes et jouez 180 accords ! Des repères simples et puissants pour mémoriser les accords
- 18 formes d’accords transposables à connaître impérativement
- Comment créer de nouveaux accords à partir de ceux que vous connaissez (1. Le barré)
- Comment créer de nouveaux accords à partir de ceux que vous connaissez (2. Modifier les intervalles)
- Comment simplifier les accords d’une chanson quand ils sont trop difficiles pour vous ?
- 3 schémas magiques pour « fabriquer » des centaines d’accords de guitare
- Comprendre et Pratiquer les Renversements d’accords à la Guitare
Les 7 degrés de la gamme majeure
Voici un tableau récapitulant les 7 degrés de la gamme majeure pour les 12 tonalités (do, do#/réb, mi, fa, sol#/lab, etc.) :
La première colonne indique la tonique de la gamme. Chaque ligne correspond donc à une tonalité. Par exemple, la première ligne vous donne les accords issus de la gamme de Do majeur.
Les autres colonnes représentent les degrés de la gamme majeure. Les degrés majeurs (avec une tierce majeure) sont en majuscule (I, V et V) et les degrés mineurs (avec une tierce mineure) sont en minuscule. Les accords mentionnés dans les colonnes ne sont qu’un exemple d’accord pour chaque degré. Par exemple, le degré I en Do peut être C, CM7, CM6 ou encore CM9.
Mais dans l’accompagnement de chansons, on utilise surtout les accords à 3 sons (triades), tels que C ou Cm, ou à 4 sons (tétrades), tels que C7, Cm7, CM7 (ou un mélange d’accords à 3 et 4 sons).
Dans le paragraphe suivant, nous allons voir comment relier ce tableau à la progression d’accords I–V–vi–IV ou à n’importe laquelle de ses combinaisons.
Trouver les accords correspondants à la progression I–V–vi–IV (ou ses variantes)
En lisant cet article, vous avez certainement constaté que le titre n’est pas très juste. En effet, il aurait fallu écrire “4 degrés, 317 chansons” : chaque degré étant plutôt une famille d’accords. Mais “degrés”, c’est quand même moins parlant que “accords” pour de nombreux débutants !
Encore un peu de vocabulaire pour bien comprendre la suite. Quand un morceau est joué avec les notes de la même gamme (par exemple la gamme de Do majeur), on dit que sa tonalité est Do majeur. La tonique est donc aussi la note qui donne son nom à la tonalité. Transposer un morceau signifie changer de tonalité.
Si vous connaissez la tonalité
Avec le tableau ci-dessus, c’est très simple : si le morceau est en Sol majeur, regardez la ligne “Sol” et prenez les accords des colonnes I, V, vi et IV.
Les accords à jouer seront donc : G–D–Em–C (pour ne prendre que les triades). Comme vous le savez sans doute, ce sont des accords très faciles à jouer. En voici les diagrammes (extraits du Dictionnaire d’accords Dico-Dac-Express) :
Si vous passez en Do majeur, la suite d’accords devient : C–G–Am–F. Ici, il y a un F, donc un barré.
Si le grand barré vous gêne, vous pouvez ne le jouer que sur les 4 premières cordes (avec ou sans petit barré) :
Suivant la tonalité, il y aura donc des progressions plus ou moins accessibles aux grands débutants.
L’idéal, c’est d’apprendre cette suite d’accords dans plusieurs tonalités (dans l’ordre et dans le désordre, pour explorer ses différentes combinaisons). Et vous pourrez vous débrouiller sur les 317 chansons mentionnées dans l’article de Wikipédia !
Et même si vous ne voulez n’en retenir qu’une (une facile comme la suite en Sol : G–D–Em–C), vous pouvez quand même la transposer dans d’autres tonalités avec un capodastre.
Transposer un morceau permet de retrouver la tonalité originale ou de l’adapter à votre tessiture.
Pour savoir comment faire, lisez l’article Comment adapter la grille d’accords d’une chanson (en la transposant ou avec un capodastre).
Si vous ne connaissez pas la tonalité
Avec un peu d’entraînement, vous mémoriserez le son des 4 degrés et vous les repèrerez facilement dans un morceau.
Si vous ne connaissez que les accords en Sol majeur, déplacez-les sur le manche avec un capodastre jusqu’à ce qu’ils collent bien avec le morceau : l’emplacement du capodastre vous donnera la tonalité originale.
Si vous connaissez davantage d’accords, testez différentes lignes du tableau ci-dessus jusqu’à ce que vos accords sonnent avec le morceau.
Et sinon, il y a la solution facile : utilisez RiffStation. Choisissez la vidéo d’un morceau qui vous plaît et RiffStation calcule les accords et affiche leur nom et leur diagramme. Il ne vous reste plus qu’à les jouer à votre façon ! Pour en savoir plus, lisez l’article RiffStation : affichez les accords des chansons en même temps que leur vidéo Youtube.
Comment jouer ces accords ?
Heureusement, si ces chansons ont les mêmes suites d’accords, ils ne sont pas tous joués de la même façon : c’est ce qui contribue à faire la différence entre les différents morceaux.
Mais rien ne vous oblige à jouer ces accords comme dans le morceau original. L’important, c’est que votre battement (ou vos arpèges) collent à la rythmique du morceau. Testez-en plusieurs, jusqu’à ce que le résultat vous convienne.
A propos des rythmiques, vous trouverez différents articles sur ce site. Par exemple :
Et pour apprendre plein de rythmiques à jouer sur les 4 “accords magiques” (et tous les autres aussi) :
Et si vous composiez ?
Vous pouvez aussi vous amuser à inventer des chansons en jouant les 4 accords G–D–Em–C dans tous les sens et, qui sait, vous composerez peut-être le prochain tube planétaire ! Et si vous avez du mal à chanter dessus, vous avez deux possibilités pour jouer des accords convenant mieux à votre tessiture :
- si vous voulez conserver le doigté des accords G–D–Em–C déplacez-les sur le manche avec un capodastre (vous jouez les nouveaux accords mais avec le doigté de ceux que vous connaissez),
- cherchez dans le tableau les accords correspondant à une autre tonalité (transposition réelle). Par exemple, si vous jouez en Do : C–G–Am–F.
Un travail remarquable ! Merci de votre partage et de votre générosité. Que tout soit propice pour vous.
Merci 😉
Merci mille fois pour votre approche pédagogique qui est à la fois ludique, visuelle mais aussi très “sérieuse et rigoureuse ” sans vouloir le paraître.
Grâce à vous je comprends enfin le “pourquoi” de ce que j’essaie de faire péniblement depuis quelques années.
Et je prends, enfin plaisir à gratter ma guitare (et peut être elle aussi sent-elle que je la comprends mieux !
Hubert
Toulouse
Merci à vous Hubert.
Nous sommes ravis de savoir que votre guitare se sent mieux comprise 😉