L’harmonisation de la gamme majeure fait partie des notions indispensables à connaître, même si vous n’avez pas l’intention de devenir compositeur.
Ce que nous allons voir dans cet article vous aidera à comprendre une foule de choses qui vous seront utiles durant toute votre vie de musicien.
Cet article est également disponible sous forme d’ebook au format PDF.
0,00€Ajouter au panier
Que signifie “harmoniser une gamme” ?
Cela veut dire construire des accords à partir des notes de cette gamme.
On appelle les accords ainsi créés des “degrés”. Il y aura donc autant de degrés que de notes de la gamme.
La gamme majeure, qui comporte 7 notes, donnera donc 7 degrés différents, que l’on numérote en chiffres romains.
Par exemple, en tonalité de Do Majeur (le fameux “Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, si, Do” qu’on apprend à l’école), le degré I est donc un accord dont la fondamentale est Do, le degré II est un accord dont la fondamentale est Ré, le degré III est un accord dont la fondamentale est Mi, etc.
A quoi cette connaissance peut-elle servir ?
Par exemple à savoir quelles notes peuvent être jouées sur un accord. En effet, sur un accord donné, vous pouvez jouer sans risque d’erreur harmonique des notes de toute gamme dont cet accord est l’un des degrés. C’est bon à savoir, n’est-ce pas ?
Cela vous servira aussi à identifier la tonalité d’un morceau, et donc à savoir où placer le motif d’une gamme sur le manche quand vous voulez improviser.
Ou encore, cela vous permettra de comprendre comment est structuré un morceau : vous pourrez ainsi l’apprendre et le jouer plus facilement, et éventuellement en personnaliser l’interprétation.
La nature des accords
A votre avis, quelle est la nature des accords obtenus à partir des notes de la gamme majeure : des accords majeurs ou des accords mineurs ?
Les deux mon général ! En effet, même si la gamme est majeure, tous les accords qui en découlent ne sont pas nécessairement des accords majeurs.
Cela dépend de la “distance” (appelée “intervalle”) qui sépare les notes au sein de la gamme et donc au sein de l’accord qui en est extrait. Les intervalles ont des noms tels que “seconde”, “tierce”, “quinte”, etc., qui donnent une idée de leur position par rapport à la tonique : “seconde” en position 2, “tierce” en position 3, etc. Nous en verrons les valeurs exactes un peu plus loin (uniquement celles qui sont utiles pour comprendre cet article).
Vous le savez certainement déjà, ce qui fait qu’une gamme est majeure ou mineure, c’est sa tierce (façon simplifiée de dite “la note placée à un intervalle de tierce de la tonique”). Si la tierce est à 1 ton 1/2 de la tonique de la gamme, elle sera mineure et la gamme aussi ; si la tierce est à 2 tons de la tonique, elle sera majeure et la gamme aussi.
C’est vrai aussi pour les accords : tierce majeure pour un accord majeur, tierce mineure pour un accord mineur.
Fabriquer des accords à partir du degré I de la gamme
Prenons toutes les notes de la gamme majeure sur une corde du manche :
Vous allez voir qu’il est utile d’en connaître les intervalles et les degrés qui en découlent, car ils vont vous servir très souvent.
Cette gamme est formée de sept notes (gamme heptatonique), positionnées aux intervalles suivants par rapport à la tonique :
- Seconde (1 ton = 2 cases).
- Tierce majeure (2 tons = 4 cases). C’est parce que la tierce est “majeure” que cette gamme est dite “majeure”.
- Quarte (2 tons 1/2 = 5 cases).
- Quinte (3 tons 1/2 = 7 cases).
- Sixte (4 tons 1/2 = 9 cases).
- Septième majeure (5 tons 1/2 = 11 cases ou bien, c’est plus facile, 1/2 ton = 1 case au-dessous de la tonique de l’octave supérieure).
Et maintenant, nous allons en extraire une note sur deux pour constituer un premier exemple d’accord, un accord majeur :
Voilà, c’est aussi simple que ça : vous venez de “fabriquer” un accord du degré I de la gamme.
Pourquoi degré I ? Parce qu’il a pour fondamentale la première note de la gamme, c’est-à-dire sa tonique.
Ajoutons maintenant une autre note (la septième majeure), toujours en restant dans le degré I :
Vous voyez que le terme degré I est une sorte de “boite” dans laquelle on peut ranger plusieurs accords : en fait, tous les accords qu’il est possible de réaliser en mélangeant au moins trois des notes de la gamme.
La seule dont on ne peut pas se passer, c’est la tonique car c’est elle qui définit ce degré I et qui donne son nom de base à l’accord formé.
Par exemple, si la tonique est Do, tous les accords seront des C (les numéros entre parenthèses correspondent aux intervalles utilisés pour former les accords) :
- C (T, 3, 5)
- CM7 (T, 3, 5, 7M),
- C6 (T, 3, 5, 6),
- Csus4 (T, 4, 5),
- Cadd9 (T, 3, 5, 9), la neuvième étant en fait la seconde redoublée à l’octave, que l’on utilise ici comme un “enrichissement”,
- etc.
Les accord sont habituellement écrits en lettres (notation anglo-saxonne). Voici la correspondance avec la notation française, si vous ne la connaissez pas :
Do = C – Ré = D – Mi = E – Fa = F – Sol = G – La = A – Si = B
Comme vous le voyez avec l’exemple de C6 ou Csus4, il n’est absolument pas obligatoire de ne prendre qu’une note sur deux comme on l’a fait avec C ou CM7.
Fabriquer des accords à partir du degré II de la gamme
Pour être sûr que tout soit clair, voyons maintenant la “fabrication” des accords du degré II, c’est-à-dire ceux qui sont formés en prenant la seconde de la gamme comme point de départ.
Cette fois, c’est elle qui va jouer le rôle de fondamentale pour les accords et leur donnera donc leur nom.
Pour que ce soit facile à visualiser, nous allons décaler les notes sur le manche, de façon à ce que la seconde vienne prendre la place de la tonique :
Les repères numérotés permettent d’identifier les nouveaux intervalles disponibles pour fabriquer des accords :
- la seconde devient la tonique,
- la tierce majeure prend la place de seconde,
- la quarte devient une tierce mineure (les accords qui l’incluront seront donc mineurs),
- la quinte devient une quarte,
- la sixte devient une quinte,
- etc.
Puisque la tierce est mineure, les accords du degré II ne seront donc pas majeurs mais mineurs.
La preuve est donc faite que ce n’est pas parce qu’une gamme est majeure que tous les accords qui en découlent sont majeurs (notez que l’inverse est également vrai : les accords découlant d’une gamme mineure ne sont pas obligatoirement mineurs).
Illustrons la “fabrication” d’accords à partir du degré II avec l’accord mineur septième (ce sont les numéros qui priment) :
Autres exemples d’accords issus du degré II :
- Cm6 (T, 3m, 5, 6),
- C7sus4 (T, 4, 5, 7),
- Csus2 (T, 2, 5),
- Cm9 (T, 3m, 5, 7, 9),
- etc.
Si l’on fait la même chose avec tous les autres degrés de la gamme majeure, on s’aperçoit qu’il y a seulement trois natures d’accords de base pour les triades (accords à 3 notes), et quatre pour les tétrades, ce qui est bien pratique à retenir ; en effet, ces degrés ne pourront être que :
- Majeur, mineur ou m(b5) pour les accords à 3 sons.
- M7, m7, 7 et m7(b5) pour les accords à 4 sons.
Un peu plus précisément, et en couleurs relatives :
Si l’on reprend ces degrés (avec les accords à 4 notes, ceux avec la septième) dans un tableau récapitulant toutes les tonalités possibles, on obtient le tableau d’harmonisation de la gamme majeure dont on se sert extrêmement souvent :
N.B. : pour alléger le tableau, les toniques altérées sont exprimées seulement en version “bémol”. A vous de les convertir si nécessaire : Réb = Do#, Mib = Ré#, etc. (à faire aussi dans les colonnes).
Notez aussi que ce tableau n’est pas exhaustif : ce serait impossible car on peut créer bien d’autres accords que ceux qui y sont mentionnés. Rappelez-vous par exemple que pour le degré I, on peut aussi former : C6, Csus4, Cadd9, etc. ou pour le degré II : Cm6, C7sus4, Csus2, Cm9, etc.
En fait, on aura autant d’accords que de combinaisons des notes disponibles dans chaque degré. Pour les trouver, vous pouvez vous baser sur les fiches Harmonisation des principales gammes.
Exemples de grilles d’accords
N.B. : Pour indiquer les degrés qui sont mineurs, on peut utiliser des lettres minuscules (ex : I – vi – ii – V) ou ajouter un “m” à côté du degré (ex : I – VIm – IIm – V).
Il existe ainsi de nombreuses suites d’accords qui “fonctionnent” bien et sont fréquemment utilisées.
L’une d’entre elles (vi – IV – I – V) est à la base d’un nombre incalculable de morceaux (dont vous trouverez une liste non exhaustive dans l’article Em, C, G, D : 4 accords magiques pour accompagner des centaines de chansons) :
- Si vous choisissez Sol comme tonalité (ligne “Sol” dans le tableau de la gamme majeure), ça donnera la suite Em – C – G – D.
- Si vous choisissez Do (ligne “Do” dans le tableau majeur), vous aurez la suite Am – F – C – G.
- etc.
On peut bien sûr la jouer dans un autre ordre, en démarrant par exemple par la tonique : I – V – vi – IV
Autres exemples de suites d’accords qui fonctionnent bien :
- I – vi – ii – V (dit “Anatole”)
- I – vi – IV – V
- I – V – vi – IV
- etc.
D’autres exemples sur Wikipédia.
Il existe même en ligne un générateur aléatoire d’accords, avec lequel vous pourrez tester différentes combinaisons d’accords pour une tonalité donnée.
Quand les accords d’une chanson appartiennent tous à la tonalité, on les appelle accords “diatoniques”.
Mais on n’est pas obligé de rester dans la même tonalité – et donc d’utiliser la même gamme – durant tout le morceau : quand on change de tonalité au sein d’un morceau, on appelle cela “modulation”.
Cela dit, dans bon nombre de chansons sont basées sur une seule tonalité, ce qui facilite l’improvisation puisqu’on peut se contenter de la même gamme du début à la fin.
La gamme mineure relative
Toute gamme majeure a une gamme relative mineure, et réciproquement.
Elles contiennent toutes les deux les mêmes notes et seront donc compatibles avec les mêmes grilles d’accords (avec toutefois certaines subtilités qui dépassent le cadre de cet article).
Ce qui les différencie, c’est qu’elles ne “démarrent” pas à la même note : la gamme mineure relative de la gamme majeure, qu’on appelle “gamme mineure naturelle”, démarre au degré VI de la gamme majeure :
La ligne du dessous montre la gamme mineure avec les couleurs mises à jour pour tenir compte du fait que, la sixte étant devenue la tonique, les intervalles ne sont évidemment plus les mêmes que pour la gamme majeure.
Ainsi,par exemple, vous pouvez voir clairement que la tierce est devenue mineure (comme l’indique le signe “moins”). Je vous passe l’analyse des autres intervalles, ce n’est pas indispensable pour cet article.
Si vous prenez par exemple la première ligne du tableau de la gamme majeure (ligne Do), vous voyez que le degré VI est Am7. La gamme mineure relative de la gamme de Do majeur sera donc la gamme de La mineur. Et vous pourrez utiliser aussi cette gamme pour jouer sur les accords issus de la gamme de Do majeur.
Normal, puisque ce sont les mêmes accords… mais pas situés aux mêmes degrés.
Pour trouver la nature des degrés de cette gamme, on peut donc se passer de refaire la même démonstration qu’avec la gamme majeure.
Il suffit de prendre le tableau d’harmonisation de la gamme majeure en le “démarrant” au degré VI et d’en adapter les couleurs pour refléter le décalage des degrés :
Vous pouvez remarquer sur ce tableau que la gamme majeure relative démarre, elle, au degré III (exemple : gamme de Do majeur pour Lam).
Plus concrètement, sur le manche de la guitare, il est facile de savoir où jouer un motif de gamme par rapport à sa gamme relative. Regardez à nouveau ce schéma et vous verrez que ça saute aux yeux :
- Si vous jouez la gamme majeure (ou sa petite sœur pentatonique, voir ci-dessous), il suffit de “reculer” de 3 cases pour savoir où jouer la gamme mineure relative. Sur la première ligne du schéma, vous pouvez vérifier que la sixte, d’où démarre la gamme mineure relative, est bien située 3 cases AVANT la tonique.
- Si vous jouez la gamme mineure, il faut au contraire “avancer” de 3 cases pour jouer la gamme majeure relative. Sur la seconde ligne, vous pouvez vérifier que la tierce mineure est bien située 3 cases APRÈS la tonique.
Vous verrez quand vous improviserez qu’il est très pratique d’avoir cette notion à l’esprit.
Et les gammes pentatoniques ?
Qui peut le plus peut le moins : si vous pouvez jouer les sept notes des gammes majeure / mineure relative sur les accords constituant leurs degrés, vous pourrez forcément en jouer seulement cinq notes !
L’avantage avec les gammes pentatoniques, c’est que les notes “plus difficiles à caser” de leurs grandes sœurs ont disparu !
D’où leur utilisation dans un nombre incalculable de morceau, dans toutes les cultures de la planète.
Concernant les gammes pentatoniques, vous pouvez lire ces articles (parmi d’autres) :
- Accompagnement pour Improviser sur un Blues en Mi (Débutants)
- Accompagnement pour Improviser sur un Blues en La (Débutants)
- Comment trouver, à l’oreille, la gamme pentatonique qui sonnera juste sur une grille d’accords ?
- Comment fabriquer une gamme à partir d’un accord. Une autre façon de prendre conscience du lien entre accords et gammes.
- Pourquoi faut-il travailler vos gammes en commençant et en finissant par la tonique ?
Cet article est également disponible sous forme d’ebook au format PDF.
0,00€Ajouter au panier