Cet article est la suite de Comment créer de nouveaux accords à partir de ceux que vous connaissez (1. le barré), dans lequel, comme son titre l’indique, vous avez appris comment utiliser les barrés pour créer de nouveaux accords à partir des accords simples que vous connaissez déjà.
La méthode proposée dans cet article consiste à créer une foule de nouveaux accords à partir d’un accord de départ en modifiant les intervalles (c’est-à-dire la distance en nombre de tons) entre les notes qui le composent ou en y ajoutant de nouvelles notes…
Nous allons prendre un exemple concret : trouver de multiples variantes de A majeur.
L’accord de départ
Prenons donc A majeur comme accord simple de départ. Vous pouvez en trouver toutes les variantes possibles sur le schéma du manche “A majeur” (tiré du Dictionnaire d’accords universel ou de sa version light gratuite), que voici :
Avec ce seul schéma, vous disposez de toutes les formes possibles de A majeur sur un manche de guitare, avec au-dessus les notes qui le composent (La, Do# et Mi) et au-dessous les intervalles (fondamentale, tierce majeure et quinte juste).
Cela veut dire que :
- La est la fondamentale de l’accord (c’est la note qui lui donne son nom),
- Do# est à un intervalle de tierce majeure (2 tons, soit 4 cases sur la guitare) de la fondamentale,
- Mi est à un intervalle de quinte juste (3,5 tons, soit 7 cases sur la guitare) de la fondamentale.
Vous y retrouvez par exemple l’accord ouvert bien connu :
Dans cet exemple, nous partons d’un accord majeur, mais vous pouvez évidemment partir de n’importe quel autre accord, ouvert ou pas, pris n’importe où sur le manche. Ce qui vous laisse pas mal de possibilités !
En pratique, quand vous aurez un peu d’entraînement, vous serez capable de le faire “à la volée”, directement sur votre guitare, en sachant exactement ce que vous faites. C’est une expérience des plus gratifiantes !
Voyons tout de suite quelques exemples et vous aurez vite compris l’immense intérêt pratique de cette approche des accords…
Bien sûr, cet exposé n’a d’intérêt que si vous jouez les accords sur votre guitare au fur et à mesure que vous lisez !
Reculer l’une des fondamentales d’une case (1/2 ton)
Cela va la transformer en septième majeure. Si vous avez un doute, vérifiez-le sur le tableau qui récapitule le nom, la couleur et la valeur des intervalles :
Vous ajoutez donc une quatrième note à l’accord qui devient AM7 (ou A7M si vous préférez) :
Comme c’est la fondamentale qui donne son nom à l’accord, vous devez la conserver au moins sur une corde (comme ici sur la corde de La) sinon vous ne jouerez plus un A !
Il y a cependant une circonstance où vous pouvez ne pas jouer la fondamentale : quand vous jouez en groupe et qu’un autre musicien la joue à votre place (bassiste, pianiste…).
Reculer l’une des fondamentales de 2 cases (1 ton)
Elle devient alors une septième mineure (en général, on se contente de dire septième). Vous jouez donc A7 :
Avancer l’une des fondamentales de 2 cases (1 ton)
Vous allez la transformer en seconde (que l’on va plutôt considérer ici comme une neuvième car on conserve aussi la tierce, et on évite de “marier” une tierce avec une seconde).
L’accord devient Aadd9 (que l’on peut aussi écrire A(add9), Aadd9 ou encore A/9, il n’y a pas vraiment de règle en ce domaine, l’important c’est que tout le monde comprenne) :
Reculer toutes les tierces majeures d’une case (1/2 ton)
Les tierces majeures deviennent des tierces mineures et l’accord se transforme en Am :
Pourquoi “toutes les tierces majeures” ?
Parce que si vous n’en changez qu’une, vous ne pourrez pas dire que l’accord majeur est devenu un accord mineur.
La note changée devra alors plutôt être considérée comme un embellissement, qui sera ici une neuvième augmentée (vérifiez au besoin sur le tableau des intervalles ci-dessus).
Dans notre exemple, la question ne se pose pas puisqu’il n’y a qu’une seule tierce dans l’accord ouvert.
Mais si par exemple si vous prenez A majeur en case 9, vous jouez 2 fois la tierce. Si vous ne reculez d’une case que celle qui se trouve sur la corde de Mi aigu, vous obtenez Aadd9+ :
Reculer toutes les tierces majeures de 2 cases (1 ton)
Elles deviennent alors des secondes / neuvièmes. Ici, on va les considérer comme des secondes, car on ne conservera pas de tierce dans l’accord. On jouera donc Asus2 :
Même remarque que précédemment : il faut que toutes les tierces de l’accord deviennent des secondes pour qu’on parle de Asus2. Sinon, la seconde sera considérée comme une extension (ou embellissement), donc ici une neuvième, et on parlera alors de Aadd9.
Avancer toutes les tierces majeures d’une case (1/2 ton)
Elles deviennent alors des quartes justes et votre accord se transforme en Asus4 :
Même remarque que précédemment : il faut que toutes les tierces de l’accord deviennent des quartes pour qu’on parle de Asus4. Sinon, la quarte sera considérée comme un embellissement, donc ici une onzième, et on parlera alors de Aadd11.
Voici à nouveau le tableau des intervalles si vous avez encore du mal à vous repérer :
Et son équivalent sur les cordes de la guitare :
Continuons avec quelques exemples supplémentaires…
Reculer toutes les quintes justes d’une case (1/2 ton)
Elles deviennent alors des quintes diminuées et votre accord sera un A5- ou Ab5 (que vous pouvez aussi écrire en exposant : A5- ou Ab5).
Comme vous le voyez dans cet exemple, le décalage va faire disparaître les deux quintes jouées sur les cordes à vide. La plus grave n’était pas jouée, donc ça ne change rien, mais maintenant, la plus aiguë sera elle aussi remplacée par une “X” (une façon de ne pas jouer cette corde, c’est de l’étouffer en l’effleurant avec un doigt qui, ici, peut être le même doigt que celui qui joue la tierce).
Et toujours la même remarque : il faut que toutes les quintes de l’accord soient diminuées pour que l’on parle de A5-. Sinon, une quinte diminuée “isolée” sera considérée comme un embellissement, donc ici une onzième augmentée, et on parlera alors de Aadd#11.
Reculer l’une des quintes justes de 2 cases (1 ton)
Elle devient alors une quarte / onzième (sous-entendu “justes”). Il n’en résulte pas un Asus4 car nous conservons la tierce.
C’est donc la onzième que l’on prend en compte dans le nom de l’accord, que l’on nommera par conséquent Aadd11.
Rien ne vous oblige à ne modifier qu’une seule quinte mais c’est la seule possibilité pour ce doigté de A majeur.
Avancer toutes les quintes justes d’une case (1/2 ton)
Elles deviennent alors des quintes augmentées et vous allez jouer un Aaug (ou A5+ ou A#5 ou encore A+). Comme pour les autres accords de A, la corde de E grave n’est en général pas jouée pour laisser la note La “à la basse” :
Avancer l’une des quintes justes d’une case (1/2 ton)
Prenons par exemple celle de la corde n°1 (de E aigu). Comme un même accord ne peut pas avoir deux quintes de nature différente, on va considérer la quinte augmentée comme un enrichissement, qui ici sera donc une treizième mineure (voir le tableau des correspondances d’intervalles ci-dessus) : Aaddb13 ou Aadd13- (ou en version “exposant : Aaddb13 ou Aadd13-).
Avancer l’une des quintes justes de 2 cases (1 ton)
Elle devient alors un sixte / treizième (sous-entendu “justes”) et vous allez jouer un A6 (ou un Aadd13). On ne peut pas dire A13 car cela sous-entendrait que l’accord comprend aussi une septième, une neuvième et une onzième.
Logiquement, on devrait nommer “9”, “11” ou “13” une note seulement si elle est jouée au moins une octave au-dessus de “2”, “4” ou “6” ; mais, vous l’avez sans doute remarqué, ce n’est pas toujours possible compte tenu de la disposition et de l’accordage des cordes sur une guitare. Du coup, on n’est pas très “pointilleux” sur ce point !
Ainsi, la variante ci-dessous est aussi bien nommée Aadd13 que A6. Vous le voyez, les guitaristes ne se tracassent pas trop avec le “vocabulaire” !
Bon, on pourrait en rester là avec les exemples, qu’en pensez-vous ?
Il ne vous reste plus qu’à vous amuser à créer plein de nouveaux accords à partir de n’importe quel accord de départ (en vous aidant au besoin du magnifique Dictionnaire d’accords universel) !