“Motif de gamme cherche place sur le manche”
Vous débutez dans l’improvisation à la guitare et vous commencez à bien mémoriser le premier motif de la gamme pentatonique mineure (la gamme préférée des guitaristes, qui est à la base d’un nombre incalculable de morceaux et dont le motif n°1 est facile à apprendre).
Voici ce motif, avec les couleurs qui en représentent les intervalles (mais pour cet article, seule la tonique en noir va nous intéresser) :
Seulement voilà, quand vous voulez le jouer sur une nouvelle grille d’accord, sur une de vos chansons préférées ou encore sur un accompagnement (backtrack) que vous avez trouvé sur le web, vous ne savez pas à quel endroit du manche le positionner !
Pour cela, vous avez besoin de connaître la tonalité.
Vous avez certainement entendu des musicien dire par exemple “On joue en quoi ? En Ré mineur“. Eh bien, Ré mineur, c’est la tonalité.
Une fois que vous connaissez la tonalité, vous savez aussi où jouer votre motif de gamme : dans notre exemple, il faut que la tonique du motif (ponts noirs sur le schéma) coïncide avec la note Ré sur le manche.
Dans le cas du motif n°1 de la gamme pentatonique mineure, la tonique est, entre autres, sur les cordes de Mi. Il suffit donc de chercher où est la note Ré sur la corde de Mi.
Sur ce schéma du manche, on voit qu’elle se trouve en cases 10 et 20 :
Pour jouer en Ré mineur, vous pourrez donc placer votre motif n°1 sur les cases 10 ou 20.
A lire aussi en complément : Comment savoir où placer un motif de gamme sur le manche pour jouer dans une tonalité donnée ?
Mais que faire quand vous ne connaissez pas la tonalité ?
Il y a différents moyens théoriques de résoudre ce problème, mais dans cet article, nous allons nous limiter à la méthode “à l’oreille”.
Trop difficile, pensez-vous ?
Au contraire, quand on ne connaît pas la tonalité, c’est la méthode la plus simple et la plus rapide pour trouver où jouer un motif de gamme.
Vous n’avez même pas besoin de savoir quelle tonalité votre oreille vous aura fait choisir !
Il faut savoir que même l’oreille la moins entraînée est capable d’entendre si des notes sonnent bien ou mal sur un accompagnement. Quand la note “frotte” avec l’accord sous-jacent, on le sent, c’est totalement instinctif.
Si un petit entraînement est nécessaire, ce n’est pas celui de l’oreille mais plutôt celui de l’attention : s’habituer à mieux écouter, à concentrer son écoute sur ce qui nous intéresse, sans nous laisser distraire par les autres aspects du morceaux (le rythme, la mélodie, les paroles, un instrument particulier, etc.). Mais ça vient très vite.
Concrètement, comment faire ?
Rien de plus simple, vous allez voir…
Lancez l’accompagnement
Vous pouvez par exemple vous entraîner sur vos chansons préférées : choisissez en une et faites-la tourner en boucle, jusqu’à trouver le bon emplacement pour le motif.
Une astuce consiste à télécharger une version GuitarPro ou MIDI du morceau et de l’écouter en boucle avec un logiciel tel que GuitarPro ou TuxGuitar en n’activant que les pistes d’accompagnement pour éviter que les autres instruments ne perturbent votre écoute.
Sinon, vous pouvez fabriquer vos propres accompagnements (il y a plusieurs tutoriels pour cela dans ce blog) ou en trouver en abondance sur le web, en tapant par exemple “backtracks” dans un moteur de recherche.
Vous pouvez même les créer en ligne avec JamStudio, sur lequel nous avons réalisé un tutoriel en vidéo.
Il y a aussi une foule d’applis pour mobiles et tablettes qui permettent de créer des accompagnements.
Jouez le motif de la gamme
Une fois l’accompagnement lancé, jouez le motif n°1 en partant d’une case quelconque du manche. C’est plus pratique de choisir le motif n°1 car il commence par la tonique, ce qui n’est pas le cas des autres motifs.
Jouez chacune des notes de la gamme et écoutez l’effet qu’elle produit sur les accords du morceaux.
C’est aussi simple que ça et, avec un minimum d’entraînement ça fonctionne très bien sur la plupart des morceaux où la tonalité est la même du début à la fin.
Quand il y a changement de tonalité en cours de morceau, c’est un peu plus compliqué mais c’est faisable, avec un peu plus d’expérience. Sinon, bien sûr, il y a d’autres moyens, plus théoriques, d’y parvenir, mais ce n’est pas l’objet de cet article.
A partir de là, deux solutions :
- soit l’écoute est désagréable : ce n’est donc pas la bonne gamme et vous allez décaler votre motif d’une case vers la haut (ou le bas, selon votre point de départ) pour en tester une autre ;
- soit toutes les notes sonnent bien : bingo, vous n’avez plus qu’à continuer à jouer à cet endroit et à vous éclater comme des fous !
Ce qui suit est optionnel dans le cadre de cet article, mais ça pourrait quand même vous intéresser 😉
En déduire la tonalité
Même si cela n’a rien d’indispensable pour commencer à jouer, une fois que vous avez trouvé l’emplacement de la gamme, vous pouvez alors en déduire le nom de la tonalité : c’est celui de la note qui se trouve en face des points noirs du motif que vous venez de positionner sur le manche.
Comme vous jouez avec un motif de la gamme pentatonique mineure, c’est en fait le nom de la tonalité mineure que vous allez trouver.
Deux tonalités possibles…
Mais il faut savoir qu’il y a toujours deux tonalités possibles, l’une majeure et l’autre mineure.
On parle de tonalités relatives : Do est par exemple la tonalité majeure relative de Lam (qui, inversement, est la relative mineure de Do).
Ce tableau récapitule les tonalités relatives majeures / mineures :
… mais avec les mêmes notes
Il faut savoir qu’en fait, deux gammes relatives comportent les mêmes notes. C’est bien sûr vrai pour les pentatoniques comme pour toutes les autres gammes.
C’est simplement le point de départ (la tonique) qui change :
- Pour Do majeur, la tonique est Do et la gamme commence donc par cette note.
- Pour La mineur, elle commence par sa tonique, qui est La.
Vous allez donc jouer le motif n°1 de La mineur pentatonique mineur en case 5 (puisque c’est en case 5 que se trouve la note La sur les cordes de Mi), que la tonalité soit Do majeur ou La mineur.
Simplement, en tonalité majeure, les notes significatives ne sont pas les mêmes qu’en tonalité mineure. Et votre oreille va le percevoir : vous aurez instinctivement tendance à insister sur des notes différentes selon que la tonalité est majeure ou mineure. En particulier sur les notes de début ou de fin de vos improvisations.
Pour mieux comprendre cela, vous pouvez lire l’article Pourquoi faut-il travailler vos gammes en commençant et en finissant par la tonique ?
Est-il possible de savoir si la tonalité est majeure ou mineure ?
Oui, bien sûr, soit avec une analyse théorique plus ou moins poussée, soit avec une approche plus approximative (et donc pas infaillible) mais rapide à mettre en œuvre. C’est de cette dernière dont nous allons dire quelques mots…
A titre d’exemple, supposons que vous hésitiez entre Do majeur ou La mineur.
Contrairement à ce que vous avez peut-être lu sur le web ou ailleurs, ce n’est pas toujours le premier accord d’un morceau qui donne la tonalité. Certes, si vous prenez un morceau en Do, il commencera assez souvent par un accord de C (degré I) mais pas obligatoirement : il pourra aussi bien commencer par un accord de G (degré V), de Dm (degré II), etc.
Exemple : Si le dernier accord de la grille est Am, vous avez des chances d’être en La mineur. Essayez alors d’improviser en plaçant le motif n°1 de la gamme en case 5, et vous aurez confirmation ou pas !
Cette technique empirique ne marche pas à tous les coups, mais il est tout de même intéressant de la connaître car, si elle fonctionne, elle vous donne en une seule fois deux informations :
- Le nom de la tonalité.
- Et si elle est majeure ou mineure.
Votre oreille va encore une fois vous aider
Supposons que la grille d’accord se termine par Am : la probabilité que ce soit une gamme mineure (celle de La mineur bien sûr) est maximale.
Une façon simple de le vérifier sans se prendre la tête avec la théorie, c’est quand vous commencez à improviser dessus.
Après quelques instant à “faire tourner” la gamme, cela se fait quasiment automatiquement.
Si au contraire la tonalité était majeure, alors ce serait plutôt sur la tierce mineure (ici Do) de votre motif de gamme pentatonique mineure que vous auriez tendance à insister (expliquer pourquoi sortirait du cadre de cet article).
Sur le schéma, le fait que la tierce soit mineure est indiqué par un signe “moins” :
Donc, si vous voyez que la tierce mineure semble prendre le pas sur la tonique dans vos improvisations, c’est probablement que la tonalité de votre grille est la relative majeure.
Vous n’avez plus qu’à chercher son nom dans le tableau ci-dessus !
Bonjour, je suis guitariste depuis maintenant une petite dizaine d’années, j’ai, je pense, un plutôt bon niveau (même si bon, c’est pas moi qui doit en juger, certes !). ça fait maintenant… Allez, disons 4-5 ans que je me sens vraiment frustré de ne pas comprendre la “structure musicale” de mon esprit, qui en réalité, reproduit en quelque sorte instinctivement, par habitude, par mémoire auditive, bref tout ce que vous voulez, ce qui est dit ici. Lors de mes improvisations, il y a 85% de mes notes, des sons que je produit, qui sont dus à un pseudo “calcul”, ou plutôt je dirais “logique personnelle”. Le reste c’est du hasard. De belles trouvailles parfois, des trucs qui sonnent, c’est sympa. Mais je suis vraiment extrêmement frustré de cette ignorance totale de la musique. J’ai toujours appris seul, sans être entouré de musiciens, que ce soit dans mon cercle d’amis, ma famille. J’ai toujours été admiratif de ceux qui connaissaient la théorie musicale, ça m’a toujours un petit peu fasciné et bien sûr, j’ai toujours “voulu” l’apprendre. Entre vouloir et faire, il y a un fossé. J’ai essayé, j’ai du éplucher… Allez, disons une trentaine de tutos, de sites, d’articles de… etc. Je n’ai jamais rien compris, ou plutôt, je n’ai eu envie de comprendre. On nous vend des choses pour ” débutant ” (c’est mon cas, du moins en termes de théorie musicale), et très clairement, c’est pas accessible pour ceux qui n’ont même pas les 0,3% de connaissances acquises… Enfin si, dans l’hypothèse où sait pas DU TOUT jouer à côté, et qu’on commence la pratique en même temps que la théorie. Aujourd’hui, je suis tombé sur votre site, c’est peu, mais j’ai tout même compris trois choses : – Ce qu’était une tonique, enfin, son but. ; – Pourquoi un accord s’appelait “Do”, les relations entre la gamme et l’accord, et justement, particulièrement grâce à l’article sous lequel je suis en train de rédiger un ENORME commentaire, que la musicalité de quelques notes (pendant une impro pour ma part) dépend beaucoup de la tonique. Je trouve ça vraiment formidable, ça me donne vraiment envie d’accrocher, de travailler un peu là-dessus tous les jours, et de structurer un peu ce qui pour l’instant relève de l’habitude chez moi. Toutes mes félicitations pour cette pédagogie, en apparence elle ressemble aux “autres” (qu’on trouve par centaines sur internet), mais vous savez, pour quelqu’un qui n’y connaît STRICTEMENT RIEN, quelques mots très simples peuvent faire une énooooorme différence de compréhension. Bravo à vous !
Merci Samsom 🙂
Vous semblez correspondre assez bien au public majoritaire de guitare-et-couleur : des guitaristes de différents niveaux qui cherchent des réponses théoriques pour éclairer leur pratique.
Des commentaires comme le votre sont un extraordinaire encouragement à poursuivre dans cette voie.
Alors merci à vous aussi !