Les degrés de la gamme majeure
A partir des notes de la gamme majeure, on peut construire 7 types d’accords, que l’on appelle des degrés.
Il y a seulement trois natures d’accords de base pour les triades (accords à 3 notes), et quatre pour les tétrades, ce qui est bien pratique à retenir ; en effet, ces degrés ne pourront être que :
- Majeur, mineur ou m(b5) pour les accords à 3 sons.
- M7, m7, 7 et m7(b5) pour les accords à 4 sons.
Un peu plus précisément :
Si l’on reprend ces degrés (avec les accords à 4 notes, ceux avec la septième) dans un tableau récapitulant toutes les tonalités possibles, on obtient le tableau d’harmonisation de la gamme majeure dont on se sert extrêmement souvent :
N.B. :
- Pour alléger le tableau, les toniques altérées (première colonne) sont exprimées seulement en version “bémol”. A vous de les convertir si nécessaire : Réb = Do#, Mib = Ré#, etc. (à faire aussi dans les autres colonnes).
- Pour indiquer les degrés qui sont mineurs, on peut utiliser des lettres minuscules (ex : I – vi – ii – V) ou ajouter un “m” à côté du degré (ex : I – VIm – IIm – V).
On aurait aussi pu intituler cet article “4 exemples d’utilisation pratique du tableau d’harmonisation de la gamme majeure” car c’est sur lui que reposent les exemples qui suivent.
Exemple 1 : composer en comprenant ce que l’on fait
Si vous voulez composer un morceau dans une tonalité donnée, vous saurez quels accords utiliser pour votre grille : ce sont tous ceux de la même ligne du tableau d’harmonisation.
Par exemple, les accords d’un morceau en Sol majeur (donc utilisant notamment la gamme de Sol majeur ou de Sol majeur pentatonique) se retrouveront tous dans la ligne “Sol” du tableau :
Si vous décidez de composer en Do majeur, vous choisirez les accords de la première ligne du tableau. Et ainsi de suite…
Reste à savoir dans quel ordre enchaîner ces accords pour que cela sonne bien. Vous pouvez utiliser des cadences classiques comme :
- ii, V, I
- I, vi, ii, V
- I, vi, IV, V
- IV, V, I
- etc.
Mais vous pouvez aussi vous fier à votre oreille pour trouver des enchaînements qui fonctionnent mieux que d’autres…
Tous les accords d’une même ligne ne sonneront pas forcément agréablement sur la mélodie selon le moment où vous les jouerez, mais en tout cas, ils seront tous justes du point de vue harmonique. L’accord vii, du fait de sa quinte bémol, sera malgré tout plus difficile à caser.
Quand tous les accords font partie de la même tonalité, on dit que l’on joue “diatonique”. Ce n’est pas toujours le cas : il arrive que l’on change plusieurs fois de tonalité dans un morceau. Cela en complique un peu l’analyse et improviser devient un peu plus complexe.
Mais heureusement, la majorité des musiques actuelles (pop, rock, variété…) sont écrits dans une seule et même tonalité, ce qui n’a pas empêché certaines d’entre elles de devenir des succès planétaires : on le sait bien, esthétique et efficacité sont souvent synonymes de simplicité !
Exemple 2 : trouver quelles gammes on peut jouer sur une suite d’accords
Vous pouvez déduire du tableau la ou les gammes avec lesquelles jouer sur un accord donné.
On appelle “analyse harmonique” d’une séquence d’accords le chiffrage (identification du degré occupé) de ces accords par rapport à une gamme donnée.
Autrement dit, l’analyse harmonique consiste à repérer dans le tableau d’harmonisation à quelle gamme chaque accord appartient.
Commencez par rechercher dans le tableau où se trouve l’accord que vous analysez. Par exemple, Gm7 est :
• le degré iii de Mib
• le degré ii de Fa
• le degré vi de Sib
Vous pourrez donc improviser sur cet accord avec les trois gammes majeures (ou pentatoniques majeures) Mib, Fa ou Sib. Ce ne sont pas les seules gammes possibles, mais celles-là vont fonctionner à coup sûr.
Il faut faire cela pour chaque accord de la grille et en déduire la tonalité commune.
Si par exemple vous avez la séquence suivante :
CM7 – Am7 – Dm7 – G7 – CM7
En regardant le tableau, vous pouvez remarquer que :
• CM7 est le degré I de Do et le degré IV de Sol
• Am7 est le degré ii de Sol, le degré iii de Fa et le degré vi de Do
• Dm7 est le degré ii de Do, le degré iii de Sib et le degré vi de Fa
• G7 est le degré V de Do
Quelle est la tonalité commune à ces trois accords ?
La réponse est évidente : c’est Do.
En degrés, notre grille devient :
I – vi – ii – V – I
Nous pouvons donc dire que cette grille d’accord est en Do majeur et que nous pouvons utiliser cette gamme pour improviser dessus.
Exemple 3 : retenir plus facilement une grille d’accords
Avoir compris l’harmonisation d’une gamme et raisonner en degré plutôt qu’en noms d’accords facilite énormément l’apprentissage, la mémorisation et la transposition des grilles.
Il vous suffit de connaître les degrés des accords au sein de la grille. Par exemple, I – vi – ii – V – I pour notre exemple précédent.
Transposer le morceau devient alors un jeu d’enfant : il vous suffit de remplacer le degré par l’accord correspondant. Mais vous n’aurez eu à mémoriser qu’une seule information : la succession des degrés.
C’est encore une fois le tableau qui vous indique la correspondance entre les degrés et les accords correspondants dans les différentes tonalités.
A la guitare, c’est très simple : il suffit de décaler vos accords ou vos motifs mélodiques sur le manche.
Exemple 4 : trouver facilement la tonalité d’une grille même si elle n’est pas indiquée
Et par la même occasion, savoir quelle(s) gamme(s) utiliser afin d’improviser.
Si vous regardez attentivement le tableau d’harmonisation, vous allez pouvoir constater que, pour une gamme majeure donnée, on trouve :
- Un seul accord 7 (degré V)
- Deux accords M7 (degrés I et IV)
- Trois accords m7 (degrés ii, iii et vi)
- Un seul accord diminué (degré vii)
Par ailleurs, un même accord :
• M7 se trouve dans deux gammes majeures (degrés I de l’une et degré IV de l’autre)
• m7 se trouve dans trois gammes majeures (degré ii de l’une, degré iii d’une autre et degré vi d’une troisième)
En pratique, quel est le degré qui vous orientera le plus sûrement vers la tonalité majeure recherchée ? Le degré V7, puisqu’il est le seul à n’appartenir qu’à une seule tonalité. Donc, quand vous avez un doute, cherchez l’accord septième (de la forme X7) !
Vous pourriez faire la même chose en cherchant un accord diminué, qui indiquera clairement le degré vii, lui aussi unique pour chaque gamme. Mais comme il n’est pas aussi souvent utilisé que le degré V, ce sera moins efficace en pratique.
Que faire si vous n’avez pas d’accord septième ? Repérez alors les M7 et les m7 et cherchez dans quelle ligne du tableau vous les retrouvez.
Vous pouvez aussi chercher dans la grille :
- S’il y a deux accords majeurs qui se suivent à 1 ton d’écart (uniquement sur les degrés IV) et V).
- S’il y a deux accords mineurs (ou m7) qui se suivent à 1 ton d’écart (uniquement sur les degrés ii et iii).