La première gamme qu’on apprend quand on débute la guitare, c’est en général la pentatonique mineure. Logique, puisque c’est probablement la gamme la plus utilisée par les guitaristes.
Mais il y a aussi une autre gamme qui est très utilisée, c’est la gamme pentatonique majeure.
Étant majeure, elle a une couleur plus positive et lumineuse. Sa sonorité très “américaine” lui vaut une large utilisation dans le country ou le rock sudiste.
Les guitaristes débutants ont tendance à la délaisser par rapport à la pentatonique mineure, alors que pourtant elle comporte les mêmes notes. Dommage, non ?
D’autant plus qu’elle est tellement ancrée dans notre inconscient collectif qu’il suffit d’en donner quelques notes à une foule pour qu’elle chante spontanément les autres.
Démonstration dans cette vidéo : au World Science Festival, Bobby McFerrin fait chanter au public la pentatonique majeure en Réb, sur deux octaves (après avoir d’abord chanté une dizaine de fois la note Ré).
Et vous trouverez des exemples de l’utilisation de la pentatonique majeure dans cet article de Jean-Pierre Poulin.
Structure de la gamme pentatonique majeure
Voici les intervalles de la penta majeure si vous la jouez sur une corde de guitare :
Comme vous le savez sans doute si vous venez régulièrement sur guitare-et-couleurs, les “couleurs relatives” permettent d’identifier le nom de chaque intervalle. Ce sont ces intervalles qui font que c’est une gamme majeure :
- La tonique est la note de référence, qui donne son nom à la gamme et à la tonalité. C’est à partir d’elle que sont “calculés” les autres intervalles…
- La seconde majeure (2 frettes = 1 tons par rapport à la tonique).
- La tierce majeure (intervalle de 4 frettes = 2 tons par rapport à la tonique). C’est celle qui permet de dire que cette gamme est majeure.
- La quinte juste (7 frettes = 3,5 tons par rapport à la tonique).
- La sixte majeure (9 frettes = 4,5 tons par rapport à la tonique ou, plus simple, 3 frettes = 1,5 ton si vous comptez à l’envers, depuis l’octave supérieure de la tonique).
Vous n’avez pas besoin de retenir ces valeurs d’intervalles, elles finiront par “rentrer” dans votre cerveau à force de pratiquer la gamme.
Vous pourrez aussi les retrouver facilement à partir des intervalles de la pentatonique mineure si vous la connaissez bien (ce qui est conseillé pour tirer un réel profit de cet article).
Pentatonique majeure vs pentatonique mineure
Il est intéressant d’aborder la pentatonique majeure en la comparant avec la pentatonique mineure, puisqu’elle est déjà familière à la plupart des guitaristes, même débutants.
Comme vous le savez peut-être, ces deux gammes sont dites “relatives”, ce qui veut dire :
- qu’elles contiennent exactement les mêmes notes ;
- mais que la note de départ (donc la tonique) est différente, ce qui fait que les intervalles entre les notes, qui donnent sa couleur sonore à chaque gamme, sont différents.
Rien ne vaut des schémas en couleurs relatives pour visualiser tout ça…
Si l’on prend comme gamme de référence la pentatonique mineure…
… sa relative majeure est la gamme jouée à partir de sa tierce mineure :
On voit bien sur ce schéma (où le trait horizontal représente une corde de guitare et les traits verticaux les frettes) que ce sont les mêmes notes puisqu’elles sont dans les mêmes cases !
Jouer “à partir de la tierce mineure“, cela veut dire “donner à la tierce mineure le rôle de span class=”fondamentale”>tonique de la nouvelle gamme ainsi créée”.
Les couleurs relatives permettent de prendre facilement conscience des nouveaux intervalles qui en découlent : la quarte devient seconde, la quinte juste devient tierce majeure (cette nouvelle gamme est donc majeure), etc.
Prenons maintenant comme gamme de référence la pentatonique majeure.
Dans ce cas, la relative mineure part de la sixte majeure :
Là encore, il est facile de comprendre que :
- les notes sont les mêmes (mêmes cases jouées)
- les intervalles sont différents (tonique différente)
Vous pouvez lire l’article Comment passer d’une gamme à sa gamme relative par un simple déplacement sur le manche qui explique en image comment basculer d’une gamme à sa gamme relative sur le manche de la guitare.
Les cinq motifs de la gamme pentatonique majeure
Comme pour la pentatonique mineure, on va la découper en cinq motifs, chacun “démarrant” sur l’une des notes de la gamme et toujours en faisant en sorte qu’il n’y ait que deux notes à jouer par corde.
Voici les cinq motifs qui en découlent :
Puisque la relative mineure démarre à la sixte, il est logique d’observer que le motif majeur n°5 est identique au motif mineur n°1 (sauf bien sûr du point de vue des couleurs).
Et puisqu’on a commencé, continuons la comparaison avec les autres motifs de la pentatonique mineure…
En toute logique, tous les motifs ont la même forme, seule leur note de départ est différente.
Ce que l’on peut également représenter par ce tableau :
ou son équivalent “en miroir” :
Question : à votre avis, peut-on jouer indifféremment le motif mineur n°1 et le motif majeur n°2, pour ne prendre que la première paire de motif ?
Réponse : Oui parce que ce sont exactement les mêmes notes. Mais en sachant ce que vous faites !
En effet, il est important de savoir si vous voulez jouer la gamme majeure ou la gamme mineure.
Si par exemple vous voulez faire ressortir le son majeur, vous insisterez sur la tonique du motif majeur (qui est donc la tierce mineure du motif mineur) et sur sa tierce majeure (qui est la quinte du motif mineur).
Donc, on ne peut pas vraiment se dire : “je joue un motif majeur exactement comme je jouerais le motif mineur relatif” (et réciproquement).
Même si, en pratique, c’est souvent ce que l’on fait !
Vous ne devriez donc pas reprendre avec la gamme majeure exactement les mêmes plans que vous avez développés sur la gamme mineure (et réciproquement).
Certes, si vous le faites, ça sonnera juste puisque ce sont les mêmes notes. Mais l’effet obtenu sera amoindri, moins pertinent.
Autre point à préciser : il ne faut pas confondre “jouer avec la pentatonique mineure” avec “jouer en tonalité mineure” (et la remarque est bien sûr valable en majeur).
Par exemple, on peut très bien utiliser la pentatonique mineure en tonalité majeure.
D’où l’intérêt de connaître parfaitement les deux gammes.
Continuons la comparaison des motifs, mais sur un schéma complet du manche cette fois :
Remarquez que la pentatonique majeure démarre par le motif n°5 (sixte majeure) : ce choix permet de mettre en évidence à la fois la similitude des notes jouées sur le manche et la différence des intervalles de ces notes par rapport à leur tonique, illustrée par la différence de couleur.
Notes significatives pour passer de la penta mineure à la penta majeure
Beaucoup de guitaristes ont très bien intégré la pentatonique mineure et auront tendance à s’en servir de référence pour jouer la pentatonique majeure, moins bien maîtrisée.
Si c’est votre cas et que, pour commencer, vous préférez conserver le repère de la penta mineure, il est intéressant d’identifier quelles notes sont importantes pour :
- passer de la penta mineure à la penta majeure,
- bien marquer la différence de sonorité mineure / majeure.
Dans ce qui suit, on va donc considérer que, tant que les “couleurs majeures” ne sont pas intégrées, vous avez en tête les motifs mineurs…
1. Tierce mineure => Tonique
La tonique étant la note de référence d’une gamme, c’est bien sûr elle qui sera la plus importante pour “installer” la gamme.
Donc, pour jouer “majeur” avec la pentatonique mineure, la tierce mineure va prendre une place essentielle puisqu’elle devient la tonique de la relative majeure : vous aurez tendance à commencer et finir vos plan avec elle, et à insister sur elle à différents moments.
Si vous avez besoin de visualiser les choses, voici à nouveau le schéma comparant les points de départ des deux gammes :
2. Quinte => Tierce majeure
Une autre note qui installe la couleur majeure dans la gamme, c’est évidemment la tierce majeure.
Elle correspond à la quinte juste dans la pentatonique mineure, où elle prendra donc une place plus importante pour faire « sonner majeur” vos plans.
3. Et pour “sonner blues” ?
Comme vous le savez certainement, si vous ajoutez la quinte diminuée à la pentatonique mineure, vous obtenez la célèbre gamme blues à six notes. La quinte diminuée est située entre la quarte juste et la quinte juste (par conséquent, c’est aussi une quarte augmentée) :
A quelle note de la pentatonique majeure va-t-elle correspondre ?
Le schéma ci-dessus permet de le deviner, même si elle n’est pas mentionnée : c’est la tierce mineure.
Autrement dit, pour produire un effet bluesy avec la penta majeure, vous pouvez glisser ou faire un bend de la tierce mineure à la tierce majeure.
Expérimentez tout ça sur votre guitare !
Testez sur un accompagnement (avec un seul accord pour commencer, par exemple C) et jouez “majeur” avec la pentatonique relative mineure (par exemple la gamme de La mineur pentatonique pour Do majeur pentatonique).
Soyez attentif(ve) aux notes sur lesquelles vous avez tendance à insister).
Pour créer en quelques clics un accompagnement en ligne, vous pouvez utiliser par exemple JamStudio.
Cela dit, il faudra quand même accepter le fait d’apprendre les motifs de la pentatonique majeure pour ce qu’ils sont, et pas seulement par déduction de la pentatonique mineure.
Cela vous permettra de mieux appréhender le rôle des différents intervalles dans le son de cette gamme, et d’apprendre à les utiliser avec conscience et pertinence dans vos plans et aussi en tant qu’enrichissements d’accords…