La grille la plus courante du Blues comporte 12 mesures de 4 temps qui tournent en boucle (“twelve bar blues” = blues en 12 mesures).
Même si c’est la grille la plus utilisée, la “twelve bar blues” n’est pas la seule forme du Blues : il y a aussi des grilles à 8 ou 16 mesures ou même des grilles n’obéissant à aucun standard particulier, selon l’inspiration des compositeurs !
Mais revenons à nos grilles “twelve bar blues”. Elles se déclinent en deux catégories :
- Le Blues majeur : celui que vous connaissez sans doute déjà car c’est le plus courant.
- Le Blues mineur.
Nous allons commencer par rappeler la forme d’une grille de Blues majeur puis nous la comparerons à celle d’un Blues mineur.
La grille-type d’un Blues majeur
Comme vous le savez sans doute déjà, elle est basée sur les degrés I – IV – V de la gamme majeure, le plus souvent en accords septièmes (exemple E7).
Si vous ne comprenez pas cette notion de degré, vous pouvez lire les articles suivants :
On représente la “twelve bar blues” par un tableau formé de 3 lignes et 4 colonnes, chacune des cases représentant une mesure :
Le dernier accord est souvent remplacé par le degré V, qui par son “attirance” pour le degré I permet de relancer la grille vers son premier accord, si l’on veut la jouer en boucle (ce qui est en général le cas) :
Pour relancer encore plus efficacement la grille vers son premier accord, on joue souvent les deux dernières mesures différemment. On appelle cela “turnaround” (mot anglais qui signifie « revirement » ou « retournement »). Sa fonction est de créer une tension (harmonique et/ou mélodique) dont la résolution se fera en retournant au début de la grille.
En plus de relancer vers le premier accord, le turnaround contribue à rompre la monotonie lié au caractère redondant de la grille, en ajoutant une variation harmonique et/ou mélodique.
Les turnaround se retrouvent aussi bien sur des Blues majeurs que sur des Blues mineurs. Et ils sont aussi utilisés dans d’autres styles.
Si l’on se place dans une tonalité donnée, par exemple en Mi, on aura un “Blues en Mi” et les accords seront les suivants :
- Degré I : E7 (Mi7),
- Degré IV : A7 (La7),
- Degré V : B7 (Si7).
Ce qui donne sur une grille :
Souvent, on casse la monotonie des quatre premières mesures en remplaçant le degré I de la mesure 2 par le degré IV (on appelle ce changement “quick change”).
Ce qui va donner la grille générique (en degrés) suivante :
et en tonalité de Mi :
La grille-type d’un Blues mineur
Voici, en degrés, une grille typique de Blues mineur :
Et la même en Mi mineur :
Vous pouvez observer que :
- Le degré I est devenu m7.
- Le degré IV est lui aussi devenu m7.
- Le degré V reste un accord 7.
- Un nouveau degré est apparu : le bVI, sous la forme d’un accord 7.
Ce nouveau degré, c’est la sixte mineure, qui se trouve 1/2 ton au-dessus du degré V (quinte juste). Elle est donc aussi une quinte augmentée comme vous pouvez le vérifier sur le tableau des intervalles ci-dessous :
Donc, contrairement à ce qu’on pourrait penser a priori, passer d’une grille majeure à une grille mineure ne consiste pas à transformer tous les accords en accords mineurs !
Comme en Blues majeur, on va trouver souvent des “quick changes”. De même, le degré I pourra être remplacé par le degré V en dernière mesure.
Evidemment, ces grilles ne sont pas des modèles figés et, même si la structure en 12 mesures est conservée, vous en trouverez de nombreuses variations avec des accords enrichis à sonorité plus Jazzy (voir l’article Donnez facilement une couleur Jazz à une grille de Blues.) ou au contraire avec de simples accords majeurs ou mineurs (donc sans septième) voire des mixages de grilles majeures et mineures. En Blues, c’est la diversité qui fait loi !