Article invité proposé par Sylvain Peter.
Mis en couleur par… Guitare-et-couleurs !
La plupart d’entre vous sont déjà familiers avec la gamme pentatonique mineure, la gamme reine pour improviser à la guitare !
Schéma d’une gamme pentatonique mineure (motif n°1) :
Ou, “à la manière guitare-et-couleurs” :
Les habitués de Guitare-et-couleurs reconnaîtront :
- la tonique
- la tierce mineure
- la quarte
- la quinte
- la septième
Mais hélas, connaître la gamme pentatonique sur le bout des ongles ne garantit pas une improvisation de qualité…
En effet, se contenter de jouer bêtement une gamme, ce n’est pas jouer un solo !
Et c’est là que le bât blesse pour bon nombre d’entre nous autres guitaristes…
Comment sortir de la rigidités des schémas appris par cœur pour générer des idées mélodiques vraiment intéressante ????
Si vous manquez d’inspiration, je vous propose dans les lignes qui suivent cinq pistes pour faire jaillir la petite étincelle qui fera peut-être de votre prochain solo un moment de grâce !
1. La limitation utile
Pour commencer, voici un concept que j’appelle la “limitation utile”.
Le principe est simple : il s’agit de vous restreindre volontairement à un nombre réduit de notes, et de faire comme si toutes les autres notes avaient disparu du manche de votre guitare !
Tout cela dans le but de vous obliger à exploiter au maximum le peu de notes qui restent à disposition.
Vous verrez qu’il est bien plus facile de générer une idée lorsque l’on part d’une gamme réduite, plutôt que d’une gamme complète !
Dans l’exemple ci-dessous, j’ai choisi de conserver uniquement 4 notes de la gamme pentatoniques. Bien sur, ce chiffre est arbitraire et vous pouvez très bien vous limiter à 3 ou 5 notes, si vous préférez :
L’idée est ensuite de s’amuser à triturer ces quelques notes dans tous les sens, jusqu’à trouver quelque chose d’intéressant.
Vous allez être forcés de faire travailler vos oreilles et vos méninges pour tirer le plus possible de nuances et de variations de ces quelques notes ! C’est un très bon exercice pour développer votre musicalité.
Exemple 1 – Motif simple créé à partir de quatre notes issues de la gamme pentatonique mineure.
2. Le phrasé en question/réponse
Pour développer une idée de base, je vous propose d’utiliser une technique très prisée par les bluesmen : “le phrasé en question/réponse”.
Si vous n’avez jamais entendu parler de cette technique, sachez qu’elle tire son origine du negro spirituals et du gospel. Dans ces styles de musique, un chanteur soliste chante une phrase interrogative, et les choristes lui répondent par une phrase conclusive. Vous entendez cela merveilleusement illustré dans le chant traditionnel “Oh Happy Day”.
Mais quel est le point commun entre des chanteurs afro-américains et votre guitare, me direz-vous ?
Eh bien, l’intonation, pour sûr !
Lorsque vous entendez quelqu’un vous parler dans une langue étrangère, vous êtes parfaitement capable de savoir si la personne vous pose une question, même si vous ne maîtrisez pas sa langue, n’est ce pas ? Ce miracle est possible grâce à l’intonation.
De manière universelle, une question se finit toujours par une note aiguë, qui créé une tension et éveille l’intérêt de l’auditeur. A l’inverse, une réponse se finit traditionnellement par une note grave, qui apaise la tension et donne un sentiment de satisfaction à l’auditeur.
Ce principe s’applique aussi à la guitare !
Vous allez donc pouvoir pensez aux notes que vous jouez en terme de phrases, exactement comme s’il s’agissait d’une conversation parlée !
Dans l’exemple ci-dessous, je répète simplement l’une des idée mélodique de l’exemple 1, mais je change la note finale afin de transformer certaines phrases en questions et d’autres en réponses.
Exemple 2 : une phrase “question”, suivie d’une phrase “réponse”.
Bien sur, vous n’êtes pas obligé de faire reposer une improvisation entière sur des alternances questions/réponses ! Cela serait même contre productif. Mais utilisée à bon escient, cette technique peut vous être très utile pour donner un côté plus humain à vos solos !
3. Les effets de jeu
Dans le même ordre d’idée que dans l’étape #2, on peut continuer à s’inspirer de la voix humaine et donner un côté bien plus vivant à une idée de base grâce aux effets de jeu !
Si vous êtes familiers des œuvres du grand Jimi Hendrix, vous savez à quel point quelques bend, hammer-on, vibrato ou glissé judicieusement placés peuvent donner l’illusion que la guitare est littéralement en train de chanter !!!!!
(le but de cet article n’est pas de vous expliquer comment exécuter ces différents effets de jeu, il existe déjà une abondante documentation sur le sujet un peu partout sur internet.)
Exemple 3 : phrasé en question/réponse avec effets de jeu.
4. Casser la régularité
Voici une astuce originale pour vous aider à casser le côté excessivement rigide des gammes : j’ai nommé, la technique du “code morse” !
Pour ceux qui l’ignorent, le code morse permet de transmettre un message à l’aide de séries d’impulsions courtes et longues.
Dans un contexte guitaristique, on peut garder ce principe pour donner un côté moins régulier à une série de notes !
Le principe consiste juste à jouer les notes par impulsions plus ou moins longues, exactement comme si vous envoyiez un message en morse.
Cela permet de créer des rythmes syncopés complexes, bien plus intéressant que de simples croches enchainées.
Concrètement, voici ce que cela donne…
Exemple 4 – phrasé en question/réponse joué en “morse”.
5. Jouer d’autres sections de la gamme
Jusqu’à présent, on s’est contenté de jouer la partie supérieure du motif n°1 de la gamme pentatonique.
Il est grand temps à présent de vous aventurer dans le vaste monde, et d’intégrer d’autres territoires à vos improvisations !
Pour cela, vous pouvez par exemple appliquer les techniques vues précédemment à la partie inférieure de la gamme pentatonique. Voire mélanger plusieurs positions de la gamme pentatonique, si vous les connaissez !
Exemple 5 – Improvisation élargie à tout le motif de la gamme pentatonique.
Avec le rappel du motif 1 de la pentatonique mineure pour faciliter votre repérage :
La prochaine fois que vous serez en panne d’inspiration pour donner vie à un solo, essayez d’appliquer une ou plusieurs des techniques que je viens de vous présenter.
Cela vous aidera sûrement à dépasser votre blocage !
vos articles sont très intéressant ; Méthode géniale et vos gestes commerciaux sont appréciables pour pénétrer le monde merveilleux de la musique pour le novice que je suis à 73 ans…eveil de la curiosité ; grace à vous je progresse
lentement et surtout découvre un monde plus complexe que l’on s’imagine mais passionnant
merci pour vôtre gentille et efficace contribution
Merci Alain et bonne fête de la musique 😉