Cet article vient en complément des articles destinés à vous faire travailler la fluidité des enchaînements d’accords :
- 12 exercices faciles pour s’entraîner aux changements d’accords (1. accords ouverts)
- 12 exercices faciles pour s’entraîner aux changements d’accords (2. accords barrés)
Ces deux articles proposent un entraînement de la main qui plaque les accords c’est-à-dire de la main gauche si vous jouez sur une guitare pour droitiers.
Mais ils ne traitent pas de la façon de jouer ces accords (aux doigts, au médiator, en battements, en arpèges…). C’est à vous de choisir l’interprétation qui vous plaît en fonction de votre ressenti et de votre niveau technique.
L’objet de cet article est de vous donner quelques exemples de rythmiques pour “mettre en vie” une suite d’accord. Vous aurez ainsi une petite idée des possibilités quasi infinies qui s’offrent à vous et vous constaterez qu’on peut toujours trouver une rythmique intéressante et compatible avec son niveau du moment…
Les accords utilisés pour les exemples
Nous allons prendre cette suite d’accords bien connue : G | Em | C | D.
Il est probable que vous connaissiez déjà parfaitement ces accords et que vous ayez déjà eu l’occasion de les jouer.
Ici, vous allez simplement écouter les exemples qui suivent, pour avoir une idée de la variété de rythmiques possibles pour une même suite d’accords.
Comme on ne s’intéresse qu’aux rythmiques, on n’a pas besoin des couleurs des notes ou des intervalles. D’où, une fois n’est pas coutume, le choix de la représentation en noir et blanc.
Exemples de rythmiques
Dans cet article, ce ne sont pas les yeux mais les oreilles qui sont privilégiés. Pas de visuel en couleur, donc, mais des illustrations audio pour vous permettre de bien comprendre, directement par l’écoute, en quoi consiste la rythmique proposée en exemple.
Deux types de fichiers audio illustrent chaque exemple :
- guitare seule pour le premier,
- guitare + accompagnement pour le second.
La suite d’accord est répétée 2 fois dans chaque version. Et quelle que soit la rythmique, la suite se termine toujours par l’accord G.
Liste des rythmiques
Rythmique n°1
Dans cette première illustration, chaque accord est joué une fois par mesure.
Comme on est ici dans une division temporelle à 4 temps (qui est la plus souvent utilisée dans les chansons) la durée de chaque accord est donc celle d’une ronde :
Cette façon ultra simple de jouer les accords est bien adaptée aux grands débutants. Elle permet de bien entendre les accords et de percevoir clairement le passage d’un accord à l’autre.
On peut les jouer avec le pouce ou au médiator.
Le jeu au médiator est une technique très courante et très polyvalente, facile et rapide à apprendre. Si vous ne connaissez pas, vous trouverez des tutoriels dans l’article Médiator – Technique de l’aller-retour.
Rythmique n°2
Cette fois, chaque accord est joué 2 fois par mesure :
Sa durée est donc celle d’une blanche, 2 fois plus courte que celle de la ronde de l’exemple précédent.
Rythmique n°3
Chaque accord est joué 4 fois par mesure :
Sa durée est donc celle d’une noire, 2 fois plus courte que celle de la blanche de l’exemple précédent. Il y a une noire par temps, soit 4 noires par mesure dans un morceau à 4 temps.
Les symboles sous les notes indiquent le sens du médiator.
Il y a deux façons de jouer au médiator : en “aller” ou en “aller-retour”.
- Dans le jeu “en aller”, vous attaquez la note ou l’accord du haut vers le bas, c’est-à-dire des graves vers les aigus (comme avec la ronde ou la blanche des exemples précédents).
- Dans le jeu en aller-retour, vous alternez mouvement aller et mouvement retour, qui va du bas vers le haut, c’est-à-dire des aigus vers les graves.
Voici les symboles habituellement utilisés pour indiquer le sens du coup de médiator :
Si vous débutez à la guitare, vous vous demandez peut-être pourquoi les symboles indiquant “coup de médiator vers le BAS” pointent… vers le HAUT et réciproquement !
C’est lié à la représentation en tablature, où le BAS du manche est en HAUT et réciproquement, comme lorsque vous posez votre guitare sur vos genoux.
Vérifiez-le sur ce schéma :
Rythmique n°4
Chaque accord est joué 8 fois par mesure :
Sa durée est donc celle d’une croche, 2 fois plus courte que celle de la noire de l’exemple précédent. Il y a donc 2 croches par temps soit 8 croches par mesure dans un morceau à 4 temps.
Si l’on joue au médiator, il y a un aller-retour pour chaque temps. On parle de “battement à la croche”.
Rythmique n°5
C’est la même “fréquence” de jeu des accords que dans l’exemple précédent :
La seule chose qui change, c’est la façon de jouer. Cette fois, on va faire “swinguer les croches”.
Cette façon de jouer est caractéristique du Blues et du Jazz. En Blues, on ne dit pas “swing” mais “shuffle”. Ces deux termes désignent exactement la même chose : l’interprétation ternaire d’une partition notée en binaire.
Quelques explications pour ceux qui débutent…
Les croches sont binaires par définition : cela veut dire qu’elles divisent le temps en deux parties égales : concrètement, cela signifie que vous jouez deux notes de durées égales par temps.
Quand les croches sont “jouées ternaire”, la première note va occuper “à peu près” les deux premiers tiers de temps, la seconde note durera “à peu près” le dernier tiers.
La notion de swing est assez difficile à décrire, d’où le terme “à peu près” pour la valeur des temps.
C’est l’indication entre parenthèses au-dessus de la portée qui indique que, même si les croches sont représentées de façon binaire (chaque croche = 1/2 temps), elles sont interprétées de façon ternaire (la première croche dure environ 2/3 de temps et la seconde environ 1/3 de temps). C’est une façon d’alléger l’écriture couramment utilisée.
Rythmique n°6
Ici, on prend comme base les 8 croches jouées en binaire, comme dans l’exemple n°4, mais on va lier certaines d’entre elles :
En liant des notes, on additionne leur durée. Une croche durant la moitié d’une noire, deux croches liées équivalent donc à une noire. Ce que l’on peut visualiser avec cette autre façon de représenter la répartition des temps :
Les symboles entre parenthèses indiquent que, pour bien conserver la rythmique, on fait toujours le mouvement aller ou retour mais sans toucher les cordes.
Peut-être que certains auront déjà reconnu la rythmique “feu de camp”. C’est une rythmique “couteau suisse”, que vous pouvez caser dans presque tous les morceaux à 4 temps.
Pour l’approfondir, vous pouvez lire l’article qui lui est consacré : Rythme “feu de camp” : petite synthèse théorique et pratique à l’usage des débutants.
Rythmique n°7
Ici, les accords sont joués en alternant noire et paire de croches :
Comme précédemment, on aurait aussi pu représenter les noires sous forme liées, ce qui permet de mieux comprendre les mouvements du médiator (on peut ainsi voir les retours qui sont bien effectués mais sans toucher les cordes) :
C’est une rythmique qui convient bien pour des morceaux de type ballade, comme vous allez pouvoir l’entendre dans l’illustration sonore.
Rythmique n°8
C’est la même alternance noire / paire de croches que dans l’exemple n°7 mais cette fois, on joue seulement une note grave de l’accord sur les temps 1 et 3. On parle de “basse alternée”.
Pour visualiser cette rythmique, il vaut mieux représenter les accords en entier. Voici ce que ça donne avec le premier accord de la suite, G, représenté sur la portée (pratique pour la durée) et en tablature (pratique pour savoir où jouer sur le manche) :
Au niveau du premier temps, le “3” sur la corde n°6 de la tablature indique que c’est la note située dans la case 3 qui est jouée. Ici, c’est la note Sol, qui est la fondamentale de l’accord (elle lui donne son nom).
Au niveau du troisième temps, le “2” sur la corde n°5 de la tablature indique que c’est la note située en case 2 qui est jouée. Ici, c’est la note Si.
Pour les autres accords, c’est le même principe.
Cette façon de jouer est typique du style country.
Rythmique n°9
Comme précédemment on aura une alternance basse / accord complet. Mais ici, la basse jouée seule ne concerne que le premier temps de la mesure. A nouveau, illustration avec G, le premier accord de la série :
Rythmique n°10
Ici, pour changer, on va choisir un rythme de valse.
Comme vous le savez sans doute, une valse se joue habituellement sur 3 temps.
Cela veut dire qu’il y a 3 noires par mesures, ce qui est indiqué par le symbole 3/4 (“3” indique le nombre de temps et “4” représente la noire) :
Ici, comme vous le voyez, le premier temps correspond à 1 noire (1 temps) et les deux autres à une paire de croche (2 x 1/2 temps).
On garde le mouvement d’aller-retour “à la croche”, même pour la noire : à l’aller, on touche les cordes et au retour on ne les touche pas.
Rythmique n°11
Ici, on retrouve plusieurs façons de jouer déjà vues plus haut.
En plus, au début du second temps, on égrène un peu plus les notes de façon à les séparer davantage que dans les autres battements (c’est ce qu’indique la flèche ondulée) :
C’est une rythmique caractéristique du “Cha-Cha”.
Rythmique n°12
Cette rythmique est l’occasion d’introduire une double croche, qui dure la moitié d’une croche (donc le quart d’une noire soit 1/4 de temps).
Ici, c’est sur le temps n°3 que ça se passe :
Le temps n°3 se décompose en 3 éléments :
1 double croche (1/4 de temps) + 1 croche (1/2 temps) + 1 double croche (1/4 de temps)
Le total fait bien 1 temps.
La double croche se distingue de la croche par un trait horizontal supplémentaire fixé sur sa hampe.
Ici, les trois notes sont reliées par un seul trait à cause de la croche qui est au milieu. Si on avait seulement des doubles croches, elles seraient reliées par deux traits.
Ici, le mouvement du médiator se base sur le découpage à la double croche : il y a donc 2 allers-retours par temps. Pour visualiser cela, il vaut mieux représenter les notes par des doubles croches reliées :
Vous voyez que, cette fois, il y a bien deux traits horizontaux pour relier les 4 croches.
La main fait bien 4 mouvements par temps mais ne touche pas les cordes quand le symbole est entre parenthèses. Les symboles en couleur correspondent bien à ceux de la partition précédente, qui est évidemment plus claire.
Rythmique n°13
On continue en ajoutant des doubles croches :
Cette représentation est très claire mais ne facilite pas le repérage des temps et les mouvements du médiator.
Avec des doubles croches liées, ça devient tout de suite évident (même si ça alourdit le schéma) :
Ce qui complique un peu le repérage, c’est que la dernière double croche du temps 3 est reliée à la première du temps 4. Ce qui équivaut à une croche à cheval sur les deux derniers temps.
On appelle cela une syncope.
On a une syncope quand la note attaquée sur un temps faible (comme ici la dernière double croche du temps n°3) se prolonge sur le temps fort suivant (comme ici la première double croche du temps n°4).
Pour en savoir plus sur la syncope et les temps forts/faibles, vous pouvez lire l’article 6 exercices rythmiques pour prendre conscience des temps forts et des temps faibles.
Rythmique n°14
On continue avec une nouvelle rythmique intégrant des doubles croches :
Le découpage des mouvements se fait donc toujours “à la double croche”. Si vous n’arrivez pas à le visualiser sur une partition allégée comme ci-dessus, il faut imaginer les doubles croches liées.
Cela devient de plus en plus facile avec l’entraînement. On vous le montre encore une fois (pour les exemples qui suivent, ce sera à vous de le faire !) :
Rythmique n°15
Encore plus de doubles croches !
Rythmique n°16
Une rythmique dans l’esprit reggae, avec des notes étouffées représentées par une “X” :
Les notes représentées par des croix sont des notes étouffées. Pour les obtenir, c’est très simple, il faut effleurer les cordes.
Sur les temps 1 et 3, vous ne jouez (en l’étouffant) que la note la plus grave et sur les temps 2 et 4, vous étouffez les accords au complet.
Pour pouvoir étouffer les accords en les effleurant, il faut que les doigts touchent toutes les notes. Ce n’est pas possible avec des accords ouverts puisqu’ils ont des cordes à vide. Il faut donc les remplacer par des accords barrés.
Les notes indiquées par un point sont des notes brèves. Dès que vous avez joué l’accord, vous relâchez les cordes pour simplement les effleurer (comme pour les étouffer). C’est facile mais il y a un coup à prendre pour le faire au bon moment.
En général, en reggae, on ne joue pas l’accord complet (comme ici) mais les notes les plus aiguës.
Rythmique n°17
On n’est pas obligé de jouer les accords de la même façon sur toutes les mesures. C’est ce qu’illustrent les exemples 17 et 18.
Comme la façon de jouer change d’une mesure à l’autre, il est cette fois nécessaire de représenter l’enchaînement complet :
Si vous voulez essayer, ce sera plus simple aux doigts qu’au médiator. Fiez-vous à votre oreille.
Rythmique n°18
Dernier exemple de jeu aux doigts, parmi une foule d’autres possibilités…
Maintenant que vous avez écouté ces 18 exemples, vous savez pourquoi il y a tant de chansons différentes alors qu’elles sont pourtant basées sur les mêmes suites d’accords : le nombre de combinaisons possibles entre accords et rythmiques, des plus basiques aux plus élaborées, est quasiment illimité.
D’autant plus que ce ne sont pas les seuls éléments contribuant à distinguer un morceau d’un autre basés sur la même suite d’accord : il y a aussi la mélodie, l’harmonie, le style, l’arrangement, le type d’instruments utilisés…
Bien sur que c’est français, mais que veut dire enregistrer ( mon site ) dans le navigateur: lequel site?
Désolé, mais je ne vois pas de quoi vous parlez. Il n’y a pas besoin d’enregistrer le site dans un navigateur pour profiter des articles ou commander des produits.
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Génial ! ça m’a poussé à reprendre ma guitare que j’avais délaissée car j’étais lassé de faire toujours la même chose. Facile car les accords, je les connais, et en plus, moi qui suis fâché avec les portées, je les ai regardées d’un autre œil. Je fais suivre à mes amis …
Merci pour votre retour 🙂
C’est ça qui est cool : en matière de rythmique, on peut toujours trouver quelque chose à faire qui soit compatible avec son niveau du moment.
Quand on l’a compris, on peut s’éclater tout de suite au lieu de se dévaloriser en voyant qu’on n’arrive pas à jouer la rythmique “officielle”.
Et on peut laisser libre cours à sa créativité.
Le solfège rythmique est vraiment indispensable aux guitaristes. La tablature ne suffit pas et n’est pas très efficace pour afficher clairement les symboles rythmiques. Heureusement, cette partie là du solfège est la plus facile 😉
Bonjour.
Pour moi jusqu’au N° 10 OK, pour la suite on prendra son temps.
Mail a garder.
Merci: Dominique
Ps: Le site dans le navigateur, vous me parlez dans quelle langue.
Merci pour votre retour.
Le site est en français, pourquoi ?