Une chanson est un mélange de trois principaux “ingrédients” :
- la mélodie
- l’harmonie (les accords)
- la rythmique (comme le battement à la noire dont on parle ici)
tout cela s’inscrivant au sein d’un style (Rock, Blues, etc.), qui oriente vers certains choix (types d’accords, façon de les enchaîner, de les jouer ; types de rythmiques ; techniques de jeu…) plutôt que d’autres.
Dans cette première partie, nous allons jouer un très basique “battement à la noire” dont nous explorerons ensuite quelques déclinaisons simples, à la portée du débutant.
Vous pensez peut-être qu’un battement à la noire est trop simpliste pour être intéressant ? Cet article va vous démontrer le contraire ! Il est en effet possible de le nuancer de différentes façons, qui permettent de sortir du côté ennuyeux du battement “brut”.
Ainsi, même basique, une rythmique, tout comme une grille d’accord (voir par exemple l’article Em, C, G, D : 4 accords magiques pour accompagner des centaines de chansons) peut conduire à un morceau réussi : le résultat final dépend avant tout du mariage des “ingrédient” qui le constituent (mélodie, accords et rythmique) et, bien sûr, de la façon dont on l’interprète.
Avant de démarrer, une petite précision pour répondre à une question souvent posée…
Médiator vers le bas ou vers le haut ?
On joue habituellement :
- vers le bas les accords qui se trouvent sur les temps,
- vers le haut les accords qui se trouvent sur les contretemps (entre deux temps).
Cela n’a rien de “définitif” et si vous trouvez que dans certains cas votre jeu sera plus fluide en ne respectant pas cette habitude, faites-le.
De toute façon, le sens du médiator est assez souvent indiqué sur les tablatures :
Comment vous entraîner ?
Ce qui suit vous servira pour tous les articles de cette série… et aussi pour vos autres entraînements.
Choisissez un ou plusieurs accords
Commencez d’abord avec un seul accord, par exemple Am, puis avec une suite d’accords, ce qui sera plus sympa.
Vous ne savez pas quelle grille d’accord utiliser ?
Pas de souci ! Allez sur autochords.com et le système va générer pour vous des grilles qui vont toujours bien sonner.
Et si vous n’y connaissez rien en harmonie, cliquez simplement sur “Randomize” et autochords va générer des suites d’accords au hasard.
Il est intéressant d’utiliser la même suite d’accords pour tous les exemples de rythmiques que vous jouerez : la comparaison peut ainsi ne concerner que la rythmique, sans être “perturbée” par le son des accords eux-mêmes.
Dans cet article, tous les exemples seront basés sur la grille en Sol majeur G – Em – C – D, dont le doigté est très facile.
Ensuite, vous aurez bien sûr intérêt à reprendre les exercices sur d’autres grilles d’accords.
Utilisez un guide temporel
C’est essentiel (pourquoi ?). Vous pouvez utiliser notamment…
1. Un métronome
Il est très facile d’en trouver sur le web, en ligne comme celui-ci ou à télécharger (exemple). Sinon, tous les logiciels d’édition musicale (voir notre page sur les logiciels) ont une fonction métronome.
2. Un logiciel d’accompagnement
Mais si le métronome seul vous semble un peu pauvre, vous pouvez aussi utiliser un logiciel d’accompagnement.
Vous en trouverez :
- sur la page Quelques logiciels utiles pour la guitare ou la musique en général
- ou en ligne, l’excellent JamStudio pour lequel nous avons fait une vidéo de prise en main en français sur la page Créez vos accompagnements en ligne avec JamStudio
Quel que soit le logiciel que vous avez choisi, saisissez la grille d’accords que vous allez jouer et activez seulement la batterie et la basse, puisque c’est vous qui allez jouer la guitare rythmique.
Si par exemple vous utilisez JamStudio pour jouer la suite d’accords G – Em – C – D, voici ce qu’il faut saisir :
Vous pouvez voir que seule la batterie (Drums) et la basse (Bass) sont activées.
3. La vidéo d’un morceau qui vous plaît
Vous pouvez aussi utiliser RiffStation pour afficher la vidéo d’un morceau et sa grille d’accord simplifiée (RiffStation ne sait identifier que des triades). Il ne vous reste plus qu’à jouer dessus les accords avec les battements de votre choix (il faut quand même qu’ils soient compatibles d’un point de vue rythmique !). Vous trouverez un tutoriel sur RiffStation sur la page RiffStation : affichez les accords des chansons en même temps que leur vidéo Youtube.
Jouez !
Faites tourner votre grille d’accords ou votre morceau en boucle et jouez le battement que vous avez décider de travailler.
Que ce soit avec le métronome ou un logiciel tel que JamStudio, quand vous êtes à l’aise sur un tempo donné, vous pouvez passer à un tempo supérieur. Si par contre vous n’arrivez pas à suivre, c’est qu’il faut réduire le tempo.
Avec RiffStation, vous pouvez aussi agir sur le tempo, mais d’une façon moins précise (par sauts de 25% et avec une altération du son de la vidéo, pas trop gênante malgré tout).
Maintenant que ces préalables sont posés, voyons quelques exemples de battement à la noire que vous pouvez explorer…
Battement à la noire le plus basique
C’est très simple, dans le battement à la noire vous jouez votre accord sur chaque temps (donc 4 fois par mesure en 4/4 et 3 fois par mesure en 3/4) et en aller (vers le bas, c’est-à-dire vers les cordes aiguës) :
C’est très facile et vous pouvez donc faire cela sans grand entraînement, dès que vous savez plaquer un accord.
Commencez avec un seul accord facile (Am, Em…) puis sur une suite d’accords.
Voici un exemple de battement à la noire sur la suite G – Em – C – D tiré du cours sur les chansons mentionné plus haut, où il est proposé avec différentes valeurs de tempo.
Dans cet article, nous ne prendrons que l’exemple avec un tempo de 120 :
Et, pour vous entraîner, voici l’accompagnement correspondant sans la guitare (batterie + basse seules), avec quatre valeurs de tempo :
Tempo 80 :
Tempo 100 :
Tempo 120 :
Vous pensez que ce battement à la noire est réservé aux chansons “pépères” ? Pas du tout ! Rien ne vous empêche de l’insérer dans un morceau qui “envoie”, même si l’accompagnement initial n’est pas un battement à la noire.
L’idéal c’est bien sûr de progresser vers un accompagnement plus “travaillé” qu’une noire par mesure tout le long du morceau. Mais si, pour l’instant, vous ne savez faire que celui-là, ça va quand même fonctionner et vous pourrez vous faire plaisir tout de suite !
Vous pouvez aussi varier votre rythmique en alternant par exemple un accord joué sur le premier temps et un battement à la noire, où l’accord est joué sur chaque temps.
Et puisqu’on en parle, voyons maintenant comment améliorer le battement brut, qui fait quand même un peu robot…
Comment nuancer votre jeu
Vous pouvez rendre une rythmique moins monotone de différentes façons, dont nous allons voir quelques exemples dans cette série d’articles.
Dans celui-ci, nous allons aborder deux idées pour varier votre façon de jouer vos quatre noires (c’est-à-dire “votre accord joué le temps d’une noire quatre fois par mesure”)…
En accentuant certains temps
Par exemple, vous pouvez accentuer, c’est-à-dire jouer plus fort, les temps 1 et 3.
Dans une tablature, on indique souvent l’accentuation d’un temps par un “V couché” (ici sur les temps 1 et 3) :
Écoutez sur l’audio ci-dessous (tempo 120) ce que ça donne : la suite G, Em, C, D est d’abord jouée sans nuance, puis en accentuant les temps 1 et 3. C’est volontairement forcé pour que ce soit très perceptible, mais vous pouvez faire cela de façon plus subtile !
Vous pouvez aussi tester ce que ça donne en forçant un peu plus le temps 1 que le temps 3.
Ensuite, faites d’autres essais avec différents placements de vos accents : sur les temps 1 seulement, sur les temps 2 et 4, etc. Et en accentuant plus ou moins fort selon le temps.
Pour la série G Em C D, vous pouvez vous entraîner sur les audios ci-dessus.
En alternant les basses et les aigus
Eh oui, rien ne vous oblige à jouer toutes les notes d’un accord à chaque temps : vous pouvez aussi ne jouer que certaines d’entre elles.
Il y a donc une foule de combinaisons possibles, selon les notes jouées et les temps auxquels on les joue.
Il est par exemple très courant de jouer alternativement la fondamentale de l’accord (la basse) et les notes aigües.
Ou alors deux ou trois notes basses en alternance avec les notes aiguës.
Nous allons voir deux exemples de cette pratique (une note basse alternée avec les notes aiguës) : un en 4/4 et l’autre en 3/4.
Ce type de rythmique s’appelle “la pompe”, ce qui illustre assez bien le mouvement d’alternance entre la basse et des aigus. Elle est très utilisée dans le jazz manouche.
N.B. Le terme “pompe” est aussi utilisé quand on joue un accord à chaque temps de la mesure et qu’on accentue les temps 2 et 4. Et, par extension, on dit qu’un accompagnateur “fait la pompe” quand il marque nettement le tempo.
On peut le faire aussi bien avec un médiator qu’avec les doigts :
Exemple 1 (4/4) : fondamentale seule
Voyons ce que ça donne avec notre suite d’accords G – Em – C – D, en jouant la fondamentale (en noir) sur les temps 1 et 3 et les aiguës sur les temps 2 et 4 (avec trois notes, pour être compatible avec le battement pincé).
Comme vous le voyez, on retrouve sur la tablature les couleurs des diagrammes d’accords.
Dans le cours sur les chansons mentionné plus haut, vous trouverez l’accompagnement correspondant à la tablature ci-dessus avec différentes valeurs de tempo. En voici un exemple avec un tempo de 120 (il se termine par un G dont les notes sont égrenées) :
Vous pouvez aussi vous entraîner avec les accompagnements sans guitare proposés plus haut.
Notez que vous pouvez choisir les cordes aiguës que vous jouez (pas forcément les 3 dernières ; et pas forcément trois non plus !). Encore une fois, vous n’avez pas de règle imposée : choisissez en fonction du son que vous préférez produire à un moment donné.
Vous pouvez aussi alterner la basse dans les morceaux en 3/4 : la fondamentale sur le temps 1 et les aigus sur les temps 2 et 3.
Exemple 2 (4/4) : fondamentale + quinte
Sur 4/4, c’est-à-dire avec 4 noires par mesure, c’est tout de même un peu monotone d’entendre toujours la même basse. Heureusement, les guitaristes ont toujours la solution : ils changent parfois de basse une fois sur deux.
C’est ce que nous allons voir dans cet exemple n°2.
Et le choix des basses qui sont jouées ne se fait pas au hasard : en général, on joue la fondamentale sur le temps 1 et la quinte sur le temps 2. Si vous essayez de jouer la quinte en premier, vous trouverez sans doute que ça ne «fonctionne” pas aussi bien. Mais ce n’est pas interdit non plus et si ça vous plaît de le faire, vous verrez bien comment réagit votre public !
Comment les identifier dans un accord ? Là encore, les couleurs sont les bienvenues : elles sont toujours en orange sur nos diagrammes !
Étant donné qu’il y a trois cordes graves Mi (E), La (A) et Ré (D), il y aura trois types d’accords : ceux dont la fondamentale se trouve sur chacune de ces cordes…
Dans le cours sur les chansons mentionné plus haut, vous apprenez à identifier la quinte pour chacune de ces trois formes d’accords.
Reprenons maintenant notre exemple n°1, mais en alternant les basses. C’est tout de suite plus sympa !
Dans le cours sur les chansons mentionné plus haut, vous trouverez l’accompagnement correspondant à la tablature ci-dessus avec différentes valeurs de tempo. En voici un exemple avec un tempo de 120 (il se termine par un G dont les notes sont égrenées) :
Vous pouvez par exemple tester cet accompagnement sur la chanson de Jacques Dutronc, “Le Petit Jardin”, disponible aussi via RiffStation. Vous y retrouverez des accords déjà vus sur cette page : Em, G et D. Vous pouvez donc vous reporter à leurs schémas pour identifier la quinte la plus grave.
Il y a aussi Am, dont voici le diagramme qui vous permettra de repérer la quinte grave :
Sinon, il y a des barrés, qui reprennent soit la forme de Em (déjà vue), soit la forme de A, dont la quinte est au même endroit que pour Am, comme le montre son diagramme :
Mais bon, si les barrés sont trop difficiles pour vous, vous pouvez aussi vous autoriser à ne pas les jouer ! Et n’oubliez-pas : commencez à jouer sans la musique pour bien enchainer les accords.
Exemple n°3 (3/4) : notes piquées (dans l’esprit Georges Brassens)
Toujours cette alternance entre la basse et les notes aiguës qui caractérise la pompe, mais cette fois sur trois temps (3/4) et en ajoutant un effet supplémentaire : les notes piquées (ou staccato).
Les notes sont dites “piquées” quand vous en écourtez la résonance (elles durent environ la moitié de la durée représentée).
On indique les notes piquées par un point :
Cet effet, ici, ne concerne que les notes aiguës.
Comment fait-on pour écourter la résonance ? On utilise la technique des notes étouffées à la main gauche (celle qui joue les accords) : on relève les doigts de la main gauche juste ce qu’il faut pour que les notes cessent de résonner.
La différence entre les notes dites “étouffées” et les notes dites “piquées”, c’est que pour les premières, les doigts de la main gauche effleurent les cordes pendant qu’on joue les notes, alors que pour les secondes, c’est juste après les avoir jouées, pour en stopper la résonance.
Attention ! Vous ne pourrez pas faire cette rythmique avec des accords contenant des cordes à vide, puisque vous ne pourrez pas jouer sur la pression que vous exercez sur elle (étant donné que de pression, il n’y en a pas !).
Ce genre d’effet est donc surtout pratiqué avec des accords barrés, ou éventuellement avec des accords non barrés ne comportant pas de cordes à vide (c’est par exemple le cas pour D). Mais il est souvent plus pratique et rapide, en terme de passage d’un accord à l’autre, de tout faire en barrés.
Par ailleurs, cet effet nécessite une grande coordination entre la main gauche et la main droite (en plus de la maîtrise des barrés), car le relâchement des cordes ne doit intervenir ni trop tôt, ni trop tard. Donc, ne vous étonnez pas si vous avez besoin de temps avant de la maitriser.
Comme toujours, c’est la progressivité dans le travail qui vous “sauvera” :
- commencez très lentement voire pas à pas et n’augmentez le tempo que lorsque vous êtes à l’aise au tempo en cours ;
- et répétez tous les jours (le mieux, c’est toujours “pas beaucoup souvent” plutôt que “beaucoup pas souvent”)
Appliquons maintenant cette technique à notre enchaînement d’accords G – Em – C – D, mais cette fois avec des accords barrés (vous ne pouvez plus y échapper !).
Dans le cours sur les chansons mentionné plus haut, vous trouverez l’accompagnement correspondant à la tablature ci-dessus avec différentes valeurs de tempo. En voici un exemple avec un tempo de 180 car ce genre de figure rythmique se joue à un tempo suffisamment rapide pour produire son effet (comme à chaque fois, il se termine par un G dont les notes sont égrenées) :
Pour Em, il est plus cohérent de ne pas jouer la corde la plus aiguë, car cet accord sonnerait trop différemment des autres. Essayez si vous voulez et vous comprendrez pourquoi.
Le choix des cordes n’a donc rien de figé et, selon l’effet choisi, on peut sélectionner les notes que l’on veut.
Vous pouvez tester cet accompagnement sur “Chanson pour l’Auvergnat” de Georges Brassens (en 3/4), disponible via RiffStation. Essayez d’abord en ne prenant que la fondamentale comme basse, puis en alternant fondamentale et quinte.
Comme RiffStation calcule les accords de façon automatique, le choix qu’il fait des diagrammes n’est pas toujours pertinent. Par exemple, ici, vous avez intérêt à tout faire en barré pour deux raisons :
- sinon, vous ne pourrez pas les jouer en piqué
- et ce sera plus facile du point de vue transition entre les accords
Par exemple, au lieu de passer de G en corde à vide à Gb en barré, il est plus simple de jouer G en barré puis de le reculer d’une case pour le transformer en Gb !
Pour les autres, à vous de trouver comment faire ! Vous ne savez pas ? Alors lisez l’article Comment créer de nouveaux accords à partir de ceux que vous connaissez (1. Le barré).
Il y a plein d’autres façons de rendre intéressant un battement en 4/4 : en étouffant certains accords, en tapant les cordes, en jouant “façon manouche” ou encore en arpégeant certains accords. Ces techniques sont abordées dans le cours Jouez facilement des Chansons à la Guitare (ben oui, on ne peut quand même pas recopier l’intégralité de nos cours dans le blog, sinon on ne les vendrait plus !).
Dans le prochain article de cette série, nous aborderons les battements à la croche. En attendant, amusez-vous bien !