C’est ce que nous allons essayer de comprendre dans cet article.
Mais avant, un petit rappel pour ceux qui en auraient besoin…
Quand on veut improviser avec une gamme, on cherche dans quelle tonalité on se trouve, ce qui nous permet de choisir la gamme appropriée.
Par exemple, en tonalité de Do majeur, on va utiliser (entre autres) la gamme de Do majeur, dont la tonique est Do.
D’où tire-t-on cette information ? De l’harmonisation de la gamme.
Que signifie « harmoniser une gamme » ?
Harmoniser une gamme, c’est créer des accords ayant pour fondamentale les différentes notes de cette gamme.
On appelle les accords ainsi créés des « degrés ». Il y aura donc autant de degrés que de notes de la gamme.
La gamme majeure, qui comporte 7 notes, donnera donc 7 degrés différents, que l’on numérote en chiffres romains.
Par exemple, en tonalité de Do Majeur (le fameux « Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, si, Do » qu’on apprend à l’école), le degré I est un accord dont la fondamentale est Do, le degré II est un accord dont la fondamentale est Ré, le degré III est un accord dont la fondamentale est Mi, etc.
On parlera plutôt de :
- « Tonique » pour définir la note de référence d’une gamme.
- « Fondamentale » pour définir la note de référence d’un accord.
Dans une gamme majeure, les degrés ainsi formés pourront être de type :
- Majeur, mineur, ou mb5 pour les accords à 3 sons
- M7, m7, 7 et m7b5 pour les accords à 4 sons
Voici un tableau qui rassemble ces différents degrés dans toutes les tonalités :
Pour une tonalité donnée de la gamme majeure, nous disposons ainsi de 7 types d’accords que nous pouvons associer de différentes façons afin de créer la grille d’accords d’un morceau.
Et le mécanisme est le même pour toutes les autres gammes.
Si vous voulez approfondir ce sujet, lisez notamment :
Maintenant, revenons au sujet de cet article : « Pourquoi votre impro ne sonne pas toujours bien avec les gammes ? »
L’improvisation avec les gammes
Il découle du tableau précédent que, sur un accord donné, vous pouvez jouer sans risque d’erreur harmonique des notes de toute gamme dont cet accord est l’un des degrés.
Par exemple, vous pouvez improviser avec la gamme de Do majeur sur chacun des accords issus de l’harmonisation de cette gamme : CM7, Dm7, Em7, FM7, G7, Am7, Bm7b5.
De la même façon que vous pouvez raconter une histoire avec des phrases respectant la grammaire et l’orthographe, mais qui ne vont pas obligatoirement faire “vibrer” le lecteur !
Pourquoi à votre avis ?
C’est assez évident quand on y réfléchis un peu : en jouant n’importe quelle note de la gamme, vous n’allez pas “tomber” à tous les coups sur les notes significatives des accords sur lesquels vous improvisez.
Votre jeu est alors banal, peu ciblé.
Et souvent, vous ne savez pas exactement ce que vous faites : un coup de chance peut vous faire “tomber” sur une note qui sonne à merveille et à d’autres moments, la note sera banale voire mal assortie à l’accord.
Alors que les accords sont placés dans la grille pour avoir un rôle harmonique précis, ce rôle peut ne pas être mis en valeur par le seul jeu de la gamme.
Un peu comme une recette de cuisine trop générale, que l’on n’adapterait pas à la spécificité des ingrédients que l’on a sous la main.
Les improvisateurs appellent ce type de jeu « Playing inside the chord changes » ou « Making the change », ce que l’on peut traduire par « Jouer en suivant les changements d’accords ».
C’est ce que l’on fait quand on improvise avec les arpèges.
L’improvisation avec les arpèges
Entendons-nous bien avant d’aller plus loin : il ne s’agit pas de dire “improviser avec les gammes, c’est nul” et “improviser avec les arpèges, c’est la panacée” !
L’idée c’est plutôt d’ajouter un outil supplémentaire à votre panoplie d’improvisateur sans renier ceux que vous possédez déjà mais plutôt en les “mixant” de façon optimale.
En ajoutant les arpèges à votre palette d’improvisateur, vous gagnerez en…
- Confiance : vous êtes sûr(e) de jouer les bonnes notes, puisque vous jouez celles de l’accord d’accompagnement. C’est rassurant !
- Contrôle : vous choisissez plus consciemment les notes que vous allez jouer et l’effet que vous souhaitez produire.
- Musicalité : en sonnant moins souvent “façon gamme”, vos solos seront plus mélodiques et vous soutiendrez mieux l’harmonie du morceau par des suites de notes judicieusement choisies.
Ce troisième point est essentiel : votre improvisation sera d’autant plus réussie qu’elle fera clairement entendre l’harmonie du morceau.
Cultiver cette aptitude à “révéler l’harmonie”, qui est à la base du Jazz mais est valable pour tout autre style, constitue une voie incontournable de l’improvisateur, s’il veut dominer son art.
Alors que les mélodies basées sur les gammes sont “à large spectre” et fonctionnent avec plusieurs accords de la grille, et même plusieurs grilles, celles qui sont issues des arpèges épouseront plus finement un morceau donné.
Vous allez vous libérer du sentiment d’être enfermé(e) dans le “son gamme” et donner plus de sens à vos impros !
Alors, prêt(e) à vous lancer dans l’étude des arpèges ?