Jouez-vous avec la tête, le corps ou les deux ? La réponse est dans la question, vous vous en doutez ! La guitare, c’est l’ensemble corps-esprit qui en joue… pas seulement les doigts.
Si ça “coince” quelque part, si vous ne pouvez pas être “en entier” dans l’acte de jouer, vous n’obtiendrez ni la qualité ni la satisfaction que vous attendez.
Il y a d’autres solutions pour améliorer son jeu, en complément à l’entraînement sur la guitare et à la compréhension/mémorisation de notions théoriques : c’est l’entraînement du couple corps-esprit.
Par “esprit”, j’entends tout ce qui n’est pas purement corporel : vos pensées, vos émotions, vos croyances…
Pas besoin d’être un grand spécialiste pour se rendre compte que si vous êtes soumis à une émotion de peur (peur de ne pas y arriver, peur du regard des autres, peur d’être déçu ou de décevoir, etc.) lorsque vous apprenez, interprétez ou créez un morceau, la tâche sera plus difficile que si vous êtes “boosté” par une émotion d’enthousiasme et de confiance.
La peur, et de façon générale, les émotions dites “négatives”, ça fige et ça limite.
De même, si votre corps est raide pour des raisons purement mécaniques (mauvaise hygiène de vie, sédentarisme…), ça ne va pas arranger les choses.
Les deux se renforçant mutuellement… le lien corps-esprit étant indissociable.
Alors, si vous avez l’impression de piétiner, vous avez trois pistes à explorer au moins…
1. Vous entraîner davantage à la guitare.
C’est évident ! L’automatisme s’acquiert avec la répétition. Il n’y a pas d’apprentissage sans répétition. Mais pas n’importe comment, ce qui nous conduit entre autres au point suivant…
2. Chercher les informations qui vous manquent.
Là aussi, c’est évident.
La théorie, c’est indispensable à une bonne pratique. Car le cerveau a besoin de savoir pourquoi on lui demande de faire telle ou telle chose : alors, il collabore et rend les choses plus faciles.
N’avez-vous par remarqué, dans vos études par exemple, comme il est extrêment difficile d’apprendre des notions que vous ne comprenez pas, ou que vous comprenez mais dont vous vous demandez à quoi elles pourront bien vous servir ?
A la guitare, c’est pareil ! Heureusement, les publications basées sur le concept guitare-et-couleurs sont un bon moyen d’aborder des notions théoriques même complexes sans se noyer dedans.
3. Chercher des moyens de libérer la fluidité du couple corps-esprit.
Là, c’est déjà moins habituel comme discours. Pourtant, tous les sportifs de haut niveau le savent et s’en servent ! Faire du vélo avec une chaine rouillée, c’est pas terrible. On se lasse vite. Un peu d’huile, et ça va tout de suite mieux…
Chacun étant différent, il n’y a pas de formule “passe-partout”. Voici tout de même quelques pistes à explorer, si ça vous tente…
L’entraînement mental
Vous avez sans doute entendu parler de ces skieurs qui visualisent chaque centimètre de la piste qu’il devront dévaler à vive allure le jour de la compétition. Ils vont passer des heures à cet entraînement mental.
Le fondement de cet exercice est que le cerveau a du mal à différencier ce qui est intensément imaginé de ce qui est physiquement vécu.
De sorte que, quand ils arrivent sur la piste, le “pilote automatique” s’enclenche, ce qui permet de raccourcir considérablement les temps de réaction.
A cette allure, il n’y a plus la place pour la réflexion : ce n’est plus le cerveau “intellectuel” qui travaille, mais le “cerveau réflexe”. Il semble même qu’il y ait une mémoire primitive directement dans les muscles, ce qui réduit encore le temps de réaction, puisqu’il n’y a plus besoin de remonter jusqu’au cerveau.
Et nous pouvons nous en servir pour apprendre et nous perfectionner dans tous les domaines. Et dans la pratique de la guitare en particulier.
Comment ? C’est assez simple, en fait.
Prenons par exemple le travail des accords…
Les exercices ci-dessous ne sont que quelques exemples. Mais une fois qu’on a compris le principe, on peut en inventer plein d’autres du même type.
Et ça change tout au bout du compte : vous apprenez non seulement la guitare, mais aussi à tirer un meilleur rendement de votre cerveau !
Voici donc ces exercices sur les accords…
Renforcement proprioceptif
C’est-à-dire au niveau de la sensation de la peau et de la conscience de vos mouvements) :
- Sur la guitare, entraînez-vous à plaquer des accords en ayant les yeux fermés. Puis le soir, avant de vous endormir (c’est un moment où le cerveau est particulièrement réceptif), retrouvez cette gestuelle et mimez-la comme si vous teniez la guitare. Visualisez en même temps le manche de la guitare.
- Sur la guitare, entraînez-vous à enchaîner ces accords, d’abord très lentement puis en augmentant le tempo. Quand vous y arrivez parfaitement les yeux ouverts, recommencez les yeux fermés (d’abord lentement là aussi). Puis, mimez la gestuelle avant de vous endormir. Ou ressentez simplement les gestes dans votre esprit, même si vous ne bougez pas les doigts.
- etc, etc.
Renforcement auditif
Là, c’est facile à comprendre : vous associez au maximum votre oreille à votre apprentissage. Continuons avec l’exemple du travail des accords…
- Sur la guitare, jouez des accords et fermez les yeux pour mieux les entendre. Passez d’un accord mineur au même accord majeur et percevez la différence, yeux ouverts et yeux fermés. Puis, avant de vous endormir, réentendez-les dans votre esprit. Si vous n’y parvenez pas, pas de problème : vous les réécouterez le lendemain.
- Même chose en passant d’un accord majeur au même accord septième… Et ainsi de suite avec toute une série de variantes de l’accord initial. Toujours en fermant les yeux pour mieux entendre les intervalles. N’en faites pas trop à la fois ! Et le soir, même chose que ci-dessus.
- Utilisez des logiciels pour entraîner votre oreille (quelques exemples de logiciels dans l’article Quelques logiciels utiles pour la guitare ou la musique en général).
Renforcement visuel
La vue est importante elle aussi, même quand il s’agit de musique ! En effet, notre culture est fortement orientée “visuel” et on se forge une image mentale de tout ce que l’on fait, y compris quand on joue de la guitare. Cela dépend bien sûr de chacun, il y a des gens plus visuels que d’autres (et c’est vrai pour tous les autres sens), mais la vue occupe une grande place chez la grande majorité d’entre nous.
- Gravez dans votre cerveau la structure des accords (commencez par les accords majeurs) en visualisant les couleurs de ses composantes. Pas toutes à la fois ! Commencez par plaquer l’accord en ne pensant qu’aux fondamentales. Puis seulement aux tierces. Puis aux tierces en même temps que les fondamentales. Etc.
- Le soir, avant de vous endormir, revoyez mentalement les composantes des accords étudiés dans la journée. Et si vous avez déjà travaillé sur leur sonorité, associez-la aux images mentales.
- Quand vous aurez enregistré la structure d’un accord majeur, vous pourrez facilement en déduire les autres : mineur, septième, etc. simplement en déplaçant certaines de ses notes. Amusez-vous par exemple à fabriquer un accord mineur à partir de tous les accords majeurs que vous connaissez. Ou un accord sus4. Etc. C’est épatant pour élargir sans effort la “banque d’accords” enregistrée dans votre cerveau. Lisez Comment créer de nouveaux accords à partir de ceux que vous connaissez (2. Modifier les intervalles) pour approfondir cela.
Organisez votre apprentissage en faisant un tableau de ce que vous avez travaillé. Vous saurez ainsi à tout moment où vous en êtes. Le cerveau a besoin de s’appuyer sur les acquis pour y “accrocher” plus facilement ce qu’il va apprendre par la suite.
Levez vos blocages psycho-émotionnels
La plupart du temps, ce sont quelques peurs, quelques idées (conscientes ou pas) sur soi-même et sur la vie qui nous freinent dans nos progrès, dans quelque domaine que ce soit.
Si vous êtes autodidacte, et que la volonté ne suffit pas pour que vous suiviez vos cours avec la régularité que vous souhaitez, peut-être que vous êtes en situation d’autosabotage.
Autrement dit, vous avez peut-être des freins inconscients (“à quoi bon, je suis nul de toute façon”, “c’est trop tard, je suis trop vieux”, “on n’est pas une famille de musiciens”, “mon père joue tellement bien ; c’est même pas la peine que j’essaie de l’imiter”, etc.) qui vous font trouver toujours quelque chose de mieux à faire que d’aller apprendre la guitare…
Et pourtant, quand vous y êtes, vous vous régalez à chaque fois ; c’est bête, quand même ! Il y a certainement plein de façons de lutter contre cette forme de “résistance au changement”.
Il ne sera peut-être pas nécessaire d’aller chez le psy pour ça, ni de libérer son jeu et sa créativité avec l’alcool voire les anxiolytiques, mais si ça vous bloque trop, il va bien falloir tenter quelque chose !
C’est là que des techniques simples à mettre en œuvre et ne demandant pas trop d’effort seraient bienvenues. Si vous les cherchez, vous en trouverez certainement une qui vous correspond (comme on dit “quand le fruit est mûr, il tombe tout seul de l’arbre”).
La “fluidification” corps-esprit
Ce sont toutes les techniques, modernes ou traditionnelles, qui permettent de faire fonctionner au mieux l’entité corps-esprit.
Le yoga, par exemple, fait très bon ménage avec la guitare, en contribuant à la précision du geste et de la pensée.
Mais dans ce domaine, il y en a pour tous les goûts : Méditation, Taï-chi, Aïkido, Sophrologie, etc. Vous trouverez forcément une discipline à votre convenance.
Il ne fait aucun doute que si vous associez une pratique de ce genre à votre entraînement à la guitare, vous irez forcément plus vite et plus loin !
C’est tout le bonheur que nous vous souhaitons !
N.B. : Si vous voyez d’autres idées pour compléter cet article, n’hésitez-pas à les ajouter dans les commentaires !