La plupart des guitaristes débutants (et même plus avancés) pensent qu’il est indispensable de connaître le NOM DES NOTES sur le manche (où se trouvent les Do, les Ré, etc.) : eh bien, ils ont raison !
Sans cela, il est par exemple difficile de savoir où placer un accord barré ou démarrer un motif de gamme.
Mais il y a un autre type d’information dont l’importance est moins connue et qui pourtant est tout aussi fondamentale : la distance, en nombre de tons, entre les différentes notes. Cette distance, on l’appelle INTERVALLE.
Elle est essentielle car sans elle, on ne peut pas comprendre et modifier la nature des accords (majeur ou mineur par exemple) ou la structure des gammes (majeure naturelle, harmonique ou mélodique par exemple).
L’objet de cet article est de vous sensibiliser à l’importance des intervalles et de vous motiver à les apprendre (en plus, on a rédigé des articles pour vous y aider !).
Qu’il s’agisse du nom des notes (Do, Ré, Mi… ou C, D, E en notation internationale) ou de celui des intervalles (seconde, tierce, quinte…), ils décrivent tous les deux la HAUTEUR des notes.
Mais le nom des notes le fait de façon ABSOLUE alors que les intervalles le font de façon RELATIVE…
Les notes : valeur absolues
Pourquoi “absolues” ?
Parce que chaque case sur le manche de la guitare correspond à une note et pas une autre. Ainsi, sur la corde n°1 (corde de Mi aigu), on a TOUJOURS la note Fa en case 1, la note Fa# en case 2, etc.
Sur guitare-et-couleurs, on utilise les couleurs dites “absolues” pour les représenter, comme sur ce schéma du manche :
A chaque note correspond une couleur.
Les couleurs sont rappelées dans ce schéma qui indique aussi la correspondance entre la notation française (Do, Ré, Mi…) et anglo-saxonne ou internationale (A, B, C…) :
Connaître le nom des notes sur le manche est indispensable pour savoir où positionner un accord ou une gamme.
Par exemple, si vous avez Bm (accord Si mineur) dans une partition, vous avez besoin de savoir où se trouvent les notes Si pour déterminer l’emplacement du diagramme sur le manche. Cette note Si joue alors le rôle de fondamentale.
La fondamentale, c’est la note de référence qui donne son nom à un accord : pour l’accord C (Do majeur), la fondamentale est Do ; pour l’accord Am (La mineur), la fondamentale est La…
Autre exemple. Si vous voulez jouer la gamme de Ré mineur pentatonique, vous avez besoin de savoir où se trouvent les notes Ré pour savoir où positionner la gamme. Cette note Ré joue alors le rôle de tonique.
La tonique, c’est la note qui définit la tonalité du morceau et, par conséquent, donne son nom à la gamme utilisée sur ce morceau : si l’on est en “Do majeur”, la tonique est Do ; si l’on est en “Sol majeur”, la tonique est Sol, etc.
Si connaître la fondamentale d’un accord ou la tonique d’une gamme est indispensable, apprendre chacune des autres notes les constituant (exemple : Do, Mi et Sol pour l’accord Do majeur ou Do, Mib, Fa, Sol et Sib pour la gamme pentatonique mineure de Do) n’est pas vraiment nécessaire et ça prend un temps énorme qui serait bien mieux utilisé à s’entraîner !
Les intervalles : valeur relative
Les intervalles n’indiquent pas une note spécifique (Do, Ré, Mi, etc.) mais la DISTANCE en tons qui les sépare. Leur valeur est relative parce qu’elle reflète la relation entre les notes et pas les notes elles-mêmes.
Or, toute la musique est basée sur la relation entre les notes : relation harmonique (quand on joue les notes ensemble, comme dans un accord), relation mélodique (quand on joue les notes l’une après l’autre, comme dans une mélodie) et relation entre mélodie et harmonie quand on met tout ça ensemble pour faire un morceau.
Sur guitare-et-couleurs, les intervalles sont représentés par les couleurs dites “relatives”.
Voici un tableau récapitulant les couleurs relatives :
En voici une autre version, à la fois plus complète et plus condensée, incluant les redoublements :
Ce second tableau montre qu’en plus des couleurs, on ajoute éventuellement un symbole “+” ou “-” si une précision est nécessaire. Par exemple, on ajoutera le signe “-” pour indiquer qu’une tierce est mineure.
Par exemple, si vous prenez un accord majeur septième majeure (noté M7 ou 7M), les intervalles qui le constituent peuvent se représenter par les chiffres 1,3,5,7M (si vous ne comprenez pas leur signification, ne vous tracassez pas, ça viendra plus tard).
Cette formule “1,3,5,7M” est commune à TOUS les accords M7 (il y en a 12 : CM7, C#M7, DM7, D#M7, etc.). Donc, au lieu d’apprendre 12 formes d’accords, il suffit d’en retenir une seule, basée sur la formule “1,3,5,7M“. Pratique, non ?
Illustration. Si vous déplacez en case 2 une forme d’accord M7 dont fondamentale sur la corde n°5 (corde de La), vous jouerez un BM7. Sur le schéma du manche ci-dessus, vous pouvez facilement repérer la note Si en case 2 sur la corde de La (corde n°5).
Et si vous la déplacez en case 5, vous jouerez alors un DM7, puisque la fondamentale de l’accord coïncidera avec la note Ré :
En case 1, ce serait BbM7 (ou A#M7). S’il n’y a pas de points colorés pour les dièses/bémols sur le schéma du manche, c’est simplement par souci de clarté.
Et c’est bien sûr la même chose pour une gamme…
Voici les sept degrés de la gamme de Do majeur :
et ceux de la gamme de Mi majeur :
Vous pouvez constater que les couleurs relatives sont les mêmes, même si le nom des notes change.
Et il y a plein d’autres avantages à maîtriser les intervalles, comme par exemple :
- “Fabriquer” une foule de nouveaux accords même si vous n’en avez appris qu’un petit nombre. Tout est expliqué dans l’article Comment créer de nouveaux accords à partir de ceux que vous connaissez (2. Modifier les intervalles).
- Jouer des notes d’une gamme à 7 notes (comme la gamme majeure) en ne connaissant que des motifs de la pentatonique (5 notes) en rajoutant “à la volée” les intervalles manquants.
- Cibler à coup sûr les bonnes notes quand vous improvisez sur un accord ou une gamme.
- Et plein d’autres choses que vous découvrirez par la pratique…
Vous n’êtes pas encore convaincu(e) de l’intérêt d’apprendre les intervalles ? Ce petit tableau devrait vous motiver…
A gauche, les 12 accords septièmes, au centre, les notes à apprendre si l’on fonctionne en “absolu” et à droite les intervalles à apprendre si l’on fonctionne en “relatif”. Qu’est-ce que vous préférer mémoriser : la colonne du milieu ou celle de droite ?
Résumons…
L’identité sonore de tout accord et de toute gamme découlent de la séquence d’intervalles séparant leurs notes d’une note de référence qui leur donne leur nom et que l’on nomme tonique pour les gammes et fondamentale pour les accords (tout en sachant qu’on utilise parfois indifféremment l’un ou l’autre de ces termes).
Ainsi, ce qui différencie un accord septième d’un autre (par exemple C7 de E7), c’est simplement la fondamentale (Do pour C7 et Mi pour E7). Pour ces deux accords, la séquence d’intervalle s’applique à la fondamentale et le son de l’accord sera toujours reconnaissable comme étant celui d’un accord septième.
Même chose pour les gammes. Qu’une gamme pentatonique mineure ait pour tonique La, Si ou Ré, la séquence d’intervalle appliquée à cette note de référence produira toujours à l’oreille un “son pentatonique mineur”.
Il suffit d’apprendre UN SEUL diagramme d’accord ou motif de gamme pour en jouer 12 (comptez Do, Do#, Ré, Ré#, etc, ça fait bien 12 notes).
Les intervalles et la relation gamme/accords
Quand vous connaissez bien les intervalles, le lien entre accords et gammes devient évident. Les lois de l’harmonie, souvent vécues comme ardues à comprendre, deviennent limpides, surtout avec les couleurs relatives.
Par exemple, le fait de savoir que la structure 1,3,5 de l’accord majeur se retrouve dans la gamme pentatonique majeure (1,2,3,5,6) vous permet d’être sûr que cette gamme sera compatible avec ces accords :
Il serait quasiment impossible de voir cette relation si vous appreniez chacune des 12 gammes uniquement par ses notes puisqu’elles sont différentes selon la tonique.
Pour le formuler autrement, quand on apprend une gamme ou un accord uniquement par ses notes, on a beaucoup de mal à en percevoir la structure commune.
Seuls les intervalles permettent de comprendre le lien indissociable entre mélodie (notes d’une gamme) et harmonie (accords sur lesquels ces notes sont jouées).
Les intervalles et l’entraînement de l’oreille
Connaissez-vous la différence entre oreille absolue et oreille relative ?
Les rares musiciens ayant l’oreille absolue sont capables de reconnaitre directement le nom d’une note, sans avoir besoin de la comparer à d’autres notes pour se repérer. Vous jouez un Do, ils entendent aussitôt un Do. C’est super mais pas vraiment indispensable pour être un bon musicien.
L’oreille relative, c’est la capacité à entendre les intervalles. Et, bonne nouvelle, n’importe qui peut y parvenir en s’entraînant. C’est très utile car cela permet de “jouer à l’oreille”, comme on dit.
La capacité d’entendre les intervalles permet en effet de “sentir” la relation entre les notes et à la reproduire sur son instrument. Plus on s’entraîne, plus cette capacité s’affine et devient fiable.
Notez aussi que nous avons en projet un cours d’entraînement avancé à la maîtrise des notes et intervalles sur le manche. Un travail peu exigent (5 min/jour environ) mais étalé sur le temps nécessaire pour que “ça rentre tout seul sans effort”. Vous serez informé(e) de sa sortie via la newsletter.